Lentement mais sûrement, je m’approche de la fin de ma lecture exhaustive des Rougon-Macquart. Il me reste encore cependant quelques marches à franchir. Et espérons qu’elles soient aussi sublimes que l’œuvre. Un livre qui cherche évidemment à dépeindre un nouvel aspect de la société contemporaine d’Emile Zola, mais qui a aussi un léger aspect autobiographique. Ou plutôt qui s’inspire d’artistes qu’il a fréquentés et de sa relation avec eux. Un roman qui lui vaudra d’ailleurs une fâcherie profonde avec ces derniers.
L’ œuvre est un portrait dans tous les sens du terme. L’ambition de cet épisode est bien le même que le reste de la série, à savoir nous donner une vision complète, réaliste et sans fard de la France de la deuxième moitié du XIXème siècle. Il nous décrit ici longuement le milieu artistique de cette époque. De la lutte entre les peintres « innovant,s » comme les impressionnistes, et le monde académique qui fera tout pour les condamner. C’est aussi la retranscription quasi clinique de l’acte de création. Certes, il concerne la peinture, mais on sent bien que Zola a puisé dans ses propres démarches et son propre ressenti.
Enfin, l’œuvre dresse le portrait de son personnage principal, librement inspiré de Paul Cézanne, en tout cas beaucoup trop librement au goût de ce dernier. Claude Lantier constitue un des personnages les plus marquants de la saga. Il faut dire que ce volume lui offre une place prépondérante, pour ne pas dire exclusive. Emile Zola cherche vraiment à pénétrer au plus profond des ressorts qui l’animent, de disséquer l’esprit créateur et les pulsions qu’il génère. Cela donne quelques pages sublimes sous une des plumes les plus puissantes que la Terre n’ait jamais porté. Un épisode parmi les plus humains, où la description naturaliste passe au second plan au profit d’une réflexion sur l’âme humaine. Un sujet forcément plus intemporel, mais tout aussi fort.