Les générations ayant été profondément marquées par l’épidémie de SIDA telle qu’on la vivait dans les années 80 et 90 ont désormais l’âge de faire des films. Cela se ressent lorsque l’on lit les scénarios des productions hexagonales de ces dernières années, voire simplement de ces derniers mois. On pense évidemment à 120 Battements par Minute, mais le thème est présent au cœur de bien d’autres histoires. La preuve avec Plaire, Aimer et Courir Vite, le dernier film de Christophe Honoré. La maladie y joue ici un rôle essentiel dans l’intrigue, sans pour autant être à proprement parler le sujet du film.
Plaire, Aimer et Courir Vite nous parle avant tout du sujet le plus universel qui soit, à savoir l’amour. L’amour ici avec la perspective de la mort qui rôde, mais l’amour quand même. C’est en cela que l’histoire possède bien quelque chose d’universelle, dans les relations entre les personnages notamment. D’un côté, le film aurait pu être le même dans un autre temps, d’autres lieux, une autre sexualité… De l’autre, le film aurait été radicalement différent puisque tous ces éléments donnent à ce film un relief et un intérêt supplémentaires. Le grand mérite de ce film est d’arriver à dresser des portraits singuliers de personnages, d’une époque, d’un contexte, en montrant aussi ce qu’il y a de plus immuable dans les sentiments et les relations humaines.
Plaire, Aimer et Courir Vite confirme aussi que Vincent Lacoste prend une dimension supplémentaire à chacun de ses rôles. Il parvient même ici à se métamorphoser physiquement pour interpréter son personnage. Difficile cependant de séparer sa prestation de celle de Pierre Deladonchamps, tant les deux rôles s’entremêlent et n’auraient pas pu briller autrement qu’ensemble. Ils portent vraiment le film sur leurs épaules, avec l’aide discrète de Denis Podalydès, tout de même. C’est grâce à eux que Christophe Honoré signe un beau et grand film dramatique, qui ne sombre jamais dans le pathos. Un film qui nous faire sourire autant qu’il nous bouleverse. N’est-ce pas là un parfait résumé de la vie dans tout ce qu’elle a de plus universelle ?
LA NOTE : 14/20
Fiche technique :
Production : Les films pelléas, Arte France Cinéma, Canal +
Réalisation : Christophe Honoré
Scénario : Christophe Honoré
Montage : Chantal Hymans
Photo : Rémy Chevrin
Décors : Stéphane Taillasson
Distribution : Ad vitam
Durée : 132 min
Casting :
Vincent Lacoste : Arthur
Pierre Deladonchamps : Jacques
Denis Podalydès : Mathieu
Adèle Wismes : Nadine
Thomas Gonzalez : Marco
Clément Métayer : Pierre
Quentin Thébault : Jean-Marie
Tristan Farge : Louis, Loulou
Sophie Letourneur : Isabelle