TOUT CA POUR CA : 10 ANS DE MILITANTISME AU PS : EPISODE 13 : Leadership

episode13L’image du responsable politique est associée à beaucoup de caractéristiques. Certes, beaucoup sont désormais négatives, type malhonnêtes et manipulateurs. Mais si on abandonne ces clichés grossiers, on l’imagine aussi facilement charismatique et doté d’une âme de meneur. Autant dire du leadersphip, même si je n’aime pas forcément les anglicismes. Pour le charisme, j’ignore si j’en ai, pas du tout, un peu ou beaucoup et ce n’est de toute façon pas le sujet ici. Par contre, je sais très bien que je n’exerce pas naturellement le leadership au sein d’un groupe. Ce n’est pas de la fausse modestie, ce n’est vraiment pas mon genre, mais juste une constatation.

Je ne suis certes pas pour autant un suiveur. Je suis plutôt un solitaire qui aime que les événements se déroulent comme il en a envie. Mais pour cela, je vais plus naturellement suivre ma route en impliquant le moins de personnes extérieures possible, plutôt que de convaincre le plus grand nombre de faire comme je l’entends. Or, mon parcours politique a du me forcer quelque peu ma nature pour assurer un rôle de meneur pour lequel je ne suis pas forcément fait.

Lorsque je me suis engagé et que je suis devenu très vite un élu municipal, je me suis naturellement placé dans les pas de notre tête de liste. Surtout que nous partagions des combats aussi au sein de l’organisation interne du PS, notamment au niveau fédéral (départemental). Je ne peux évidemment que le remercier de m’avoir mis ainsi le pied à l’étrier et de m’avoir fait assez vite confiance. Je resterai à jamais admiratif de son éloquence dans des numéros totalement improvisés, quand j’ai personnellement besoin de préparer à l’avance mes interventions pour avoir une chance d’être convaincant.

Cependant, au cours de cette première mandature, j’ai du peu à peu occuper une place de leader qui n’était pas la mienne au départ. Très pris par sa vie professionnelle, notre tête de liste n’était pas toujours en mesure d’être présent et de travailler les dossiers comme il l’aurait du. De plus, comme tout être humain, il n’était pas parfait et souffrait notamment d’une capacité d’écoute et d’une mémoire proches de zéro. Ceci a entraîné quelques désaccords sur ses prises de position en séance du Conseil Municipal qui reposaient sur des bases erronées, voire même en contraction sur ce qu’on avait dit quelques mois plus tôt, dont il ne gardait strictement aucun souvenir.

Tout cela n’était pas très grave. En effet, nous étions juste des militants-élus, donnant bénévolement beaucoup de notre temps pour peu de remerciements et de bravos. Alors, chacun fait du mieux qu’il peut avec sa personnalité et sa manière de voir les choses, tout en restant solidaires les uns des autres. Du moins, c’est ma manière de voir les choses. Je m’imaginais mal faire le moindre reproche à mon camarade, au-delà de quelques commentaires sur le ton de l’humour pour me moquer gentiment quand il poussait le bouchon un peu loin. Si je prenais mon mandat très au sérieux, ce n’était pas au point de me prendre moi-même trop au sérieux.

Malheureusement, la réciproque n’était pas vraie. Lors de cette mandature, je me suis particulièrement impliqué sur le dossier de l’élaboration du Plan Local d’Urbanisme (j’y reviendrai dans une billet spécifique). Au moment, d’arriver aux conclusions, notre tête de liste a fait état d’un certain nombre de points de désaccord. Certains ne m’étonnaient pas le connaissant, mais j’avais assez travaillé le dossier pour que mes positions reposent sur une argumentation solide et fondée, quand il optait pour des idées purement idéologiques et d’une grande fragilité.

Ceci aurait pu s’arrêter là, s’il n’avait refusé obstinément d’acter que les positions que nous adopterions en tant que groupe ne seraient pas les siennes. Il n’eut strictement aucun respect pour le fait que nous étions trois sur quatre dans le groupe à partager la même vision du sujet et surtout strictement aucun respect pour tout le travail accompli quand lui n’avait pas produit le moindre effort. Même si la hiérarchie théorique faisait de lui notre leader, je ne pouvais évidemment accepter une situation qui balayerait ainsi autant d’efforts et nous forcerait à défendre des idées ineptes.

Alors j’ai du m’affirmer. Je profitais d’un repas avec les autres élus et notre Secrétaire de Section pour mettre les pieds dans le plat et lui signifier que son attitude était insupportable et qu’il n’aurait pas gain de cause. Ce fut d’autant plus difficile que ce n’est pas du tout dans ma nature et que sa compagne était également présente et que je l’appréciais beaucoup. Elle fut un peu surprise par la tournure des événements (elle n’était pas militante) mais je n’avais guère d’autre choix que d’en passer par là. Je savais que je pouvais compter sur le soutien plein et entier des autres élus et militants présents et ceci mit fin à cette situation pénible. Après cela, je suis définitivement devenu le leader de notre groupe, ce qui me conduira naturellement à devenir tête de liste pour les élections suivantes.

Si on tombe dans les clichés, on peut dire que c’est le soir où j’ai tué le père. Je ne sais pas si il faut forcément passer par là pour s’affirmer en politique. En tout cas, ça ne reste pas le meilleur souvenir de mon parcours politique. Mais ce fut aussi un des moments qui vous font mûrir et vous permettent de vous affirmer. Ca n’aura définitivement pas changé le cours de l’histoire de Viroflay, mais en tout cas, ça aura joué un rôle dans le déroulement de ma propre existence.

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