Les comédies représentent le genre cinématographique le plus susceptible de rassembler un très grand nombre de spectateurs devant les écrans hexagonaux. C’est pourquoi, on imagine bien la tentation pour un distributeur quand il s’agit de faire la promotion d’un film hybride. Insister sur les aspects du film qui font rire, quitte à en donner une vision partielle, pour ne pas dire faussée, constitue un travers courant. Ce fut une nouvelle fois le cas avec Le Jeu, dont la bande-annonce ne donnait absolument pas envie, donnant l’impression qu’il s’agissait uniquement d’une comédie lourdingue. Ont-ils eu peur de l’aspect beaucoup plus noir de ce film ? Peut-être bien !
Vous hésitez à lui vous engager en amour ? A lui dire oui pour la vie ? A construire un beau roman, une belle histoire supposée éternelle ? Alors, le Jeu n’est pas du tout fait pour vous. En effet, l’aspect léger du début tourne vite en une plongée assez vertigineuse dans une vision sombre du couple, dont la survie ne pourrait passer que par l’acceptation d’un nombre croissant de mensonges au cours des années. Ces deux faces du même film se marient remarquablement bien, dans un équilibre qui empêche chaque partie d’en faire trop ou de tourner en rond. Et surtout elles fonctionnent, l’une arrachant de vrais fous rires, l’autre étant étonnamment mordant. En tout cas, infiniment plus que ce que pouvait laisser penser la bande-annonce.
Fred Cavayé a bénéficié pour le Jeu d’un casting de premier ordre. Un casting quelque peu inégal, même si cela tient avant tout à des personnages pas tous parfaitement réussis. Petite déception du côté de Vincent Elbaz, pas totalement à l’aise dans le rôle du pote un peu beauf. A l’opposé, Stéphane De Groot est parfait, juste, avec ce qu’il faut de retenu dans son jeu. Mais c’est Grégory Gadebois qui donne une vrai supplément d’âme à ce film. Il apporte une petite touche d’émotion qui rend l’ensemble plus humain et pas uniquement taillé sur mesure pour faire rire. Au final, on ressort de ce film très agréablement surpris, mais avec l’envie conjointe de vivre seul et de jeter son portable.
LA NOTE : 13,5/20
Fiche technique :
Réalisation : Fred Cavayé
Scénario : Fred Cavayé, d’après le scénario de Perfetti sconosciuti écrit par Paolo Genovese, Filippo Bologna, Paolo Costella, Paola Mammini et Rolando Ravello
Décors : Philippe Chiffre
Montage : Mickael Dumontier
Musique : n/a
Production : Stéphane Célérier, Valérie Garcia, Camilla Nesbitt et Pietro Valsecchi
Durée : 90 minutes
Casting :
Bérénice Bejo : Marie
Vincent Elbaz : Thomas
Suzanne Clément : Charlotte
Roschdy Zem : Marco
Doria Tillier : Léa
Grégory Gadebois : Ben
Stéphane De Groodt : Vincent
Fleur Fitoussi : Margot