Ceux qui ont l’habitude de lire mes critiques de manière attentive (il paraît qu’ils existent) ont du remarquer à quel point le misérabilisme est un défaut pour lequel je n’ai guère de mansuétude. Ou, pour le dire beaucoup plus positivement, j’apprécie particulièrement les films qui savent échapper à ce travers. On peut facilement y voir là mon côté socialiste un peu bobo et je pense que l’on n’a pas complément tort en faisant ça. C’est donc en toute logique que j’ai pleinement apprécié Les Invisibles. Un film qui, après Discount, semble spécialiser Louis-Julien Petit dans les films sociaux. Sauf qu’il évite ici les pièges qu’il n’avait pas forcément su esquiver auparavant.
La bande-annonce de Les Invisibles donnait déjà particulièrement envie d’aller voir ce film. En effet, elle donnait l’image d’un feel good movie où les personnages, des femmes SDF, sont valorisées, plutôt que l’on passe son temps à s’apitoyer sur leur sort. Et bien cette image est parfaitement représentative du propos de ce film. Bien sûr, il sait nous ramener de temps à autre à la dure réalité des choses, mais il a aussi parfois un petit côté bisounours assumé, mais assez maîtrisé pour être tout simplement rafraîchissant. On sourit beaucoup, on rit même parfois. Et on s’attache profondément à ces personnages un peu (beaucoup) cassés, mais qui savent aussi réparer (clin d’œil au protagoniste le plus marquant de cette histoire).
Mettre en scène des actrices non professionnelles pour ce genre de film pouvait s’apparenter à une ficelle classique et un peu facile. Mais franchement, elles sont toutes tellement convaincantes et transmettent tellement de choses au spectateur que l’on peut que saluer ce choix de Louis-Julien Petit. Il y a sûrement là un vrai travail de direction, mais aussi une spontanéité que la technique dramatique fait perdre un peu parfois. Cela apporte donc un vrai plus, pas simplement une sorte de caution morale. C’est vraiment grâce à elle que Les Invisibles nous fait passer un si bon moment, dont on ressort plein d’énergie pour soi et une petite envie de se battre pour changer le monde.
LA NOTE : 13/20
Fiche technique :
Production : Elemiah, France 3 cinéma, Canal +, Ciné +
Distribution : Apollo Films
Réalisation : Louis-Julien Petit
Scénario : Louis-Julien Petit, Marion Doussot, Claire Lajeunie
Montage : Antoine Vareille, Nathan Delannoy
Photo : David Chambille
Décors : Arnaud Bouniort
Musique : Laurent Perez Del Mar
Durée : 102 min
Casting :
Audrey Lamy : Audrey
Corinne Masiero : Manu
Noémi Lvovsky : Hélène
Déborah Lukumuena : Angélique
Sarah Suco : Julie
Brigitte Sy : Béatrice
Pablo Pauly : Dimitri
Quentin Faure : Laurent