Parfois, on a l’impression que le scénario d’un film ne repose sur pas grand chose. Par exemple, on peut facilement penser que Border est juste un film sur une fille très moche qui finit par trouver l’amour auprès d’un mec aussi moche qu’elle. Si cette phrase correspond au contenu de l’intrigue, elle ne dévoile qu’une toute petite partie de celle-ci. Et le reste est tellement inattendu que cela donne finalement un film convaincant à partir de cette idée de pas grand chose. Un long métrage qui ravira les amateurs de films carrément décalés, qui n’ont pas besoin d’un gros budget pour surprendre le spectateur.
Border est le genre de film où le spectateur passe son temps à se dire « mais qu’est ce que c’est que ce truc ? ». On peut certes mal le prendre si on n’accroche pas du tout et passer un moment carrément pénible. Mais ici, on a plus de chance au contraire de voir sa curiosité attisée et d’avoir envie où ces Suédois un peu barrés vont nous mener. Je n’en dirai rien évidemment, mais dites-vous simplement, ce que ce n’est certainement pas là où vous l’imaginiez au départ. Le tout est porté par une narration très intelligente qui dévoile chaque élément de l’intrigue l’un après l’autre, sans jamais ne rien laisser transparaître à l’avance. Beaucoup d’intelligence donc, qui compense mille fois le manque de moyen.
Si vous voulez savoir vraiment à quoi ressemble Eva Melander et Eero Milonoff, inutile d’aller voir Border. Ils sont absolument méconnaissables. Par contre, ils donnent une idée très précise de leur talent en gardant une justesse et une retenue remarquables. Ils se gardent de tout surjeu et participe ainsi à l’ambiance étrange de ce film où réalité et fantastique ne semble pas avoir de frontière claire. La réalisation de Ali Abbasi joue évidemment son rôle. Il arrive à impulser un peu de poésie dans certaines scènes qui auraient pu facilement faire rire sans cela. Il confirme tout le bien que l’on pensait de lui après l’excellent Laisse-Moi Entrer. Après libres à chacun de croire ou pas dans cette histoire un rien improbable, mais si c’est le cas, on ne peut pas être déçu qu’on nous l’ait racontée.
LA NOTE : 13/20
Fiche technique :
Production : Meta Spark & Kärnfilm, Black Spark Film, Film i Väst, SVT
Réalisation : Ali Abbasi
Scénario : Ali Abbasi, Isabella Eklöf, d’après le roman de John Ajvide Lindqvist
Montage : Olivia Neergaard-Holm, Anders Skov
Photo : Nadim Carlsen
Décors : Frida Hoas
Distribution : Metropolitan FilmExport
Durée : 108 mn
Casting :
Eva Melander : Tina
Eero Milonoff : Vore
Viktor Akerblom : Ulf
Jorgen Thorsson : Roland