SI BEALE STREET POUVAIT PARLER : Passion sans passion

sibealestreetpouvaitparlerafficheQu’est ce qu’un beau film ? Voilà une question trop complexe pour que j’y réponde ici en quelques lignes. Si Beale Street Pouvait Parler est incontestablement un très beau film. Pour beaucoup de raisons que je vais vous exposer ici. Mais la beauté en elle-même ne fait pas tout. Il faut à une long métrage quelque chose de plus pour se révéler réellement passionnant. Du corps, un feu qui embrase l’enthousiasme du spectateur. Le cinéma n’est ni la peinture, ni la littérature, mais un art singulier qui possède ses propres règles. Barry Jenkins semble l’avoir oublié et ne protège pas le spectateur du pire fléau qui soit : l’ennui.

L’histoire du cinéma est riche de films relativement contemplatifs parlant d’amour et ayant acquis un statut de classique, comme In the Mood for Love par exemple. Si Beale Street Pouvait Parler aurait pu les rejoindre. En effet, l’histoire est belle et émouvante, dotée d’un immense potentiel dramatique. Elle revisite l’éternelle injuste de la romance brisée par une société oppressante. Elle bénéficie d’une narration patiemment construire qui fait découvrir progressivement au spectateur tous les ressorts de l’intrigue. Tout cela mis en image avec une infinie délicatesse qui met parfaitement en valeur des comédiens et les comédiennes réellement investis dans leurs rôles.

sibealestreetpouvaitparlerMais si Beale Street Pouvait Parler est contemplatif, on du mal à comprendre pourquoi. En effet, chaque scène s’étire particulièrement en longueur sans que cela n’apporte quoi que ce soit. Cela ne crée par de tension, au contraire, cela la dilue. Cela donne au film une certaine froideur, toujours dommageable quand on parle ainsi de sentiment. La passion qui lie les deux personnages principaux n’est jamais partagée avec le spectateur. Il y a une forme de pudeur chez Barry Jenkins, mais pour qu’une telle histoire frappe vraiment le spectateur en plein cœur, il faut mettre les personnages à nue (ce qui n’a rien à voir avec les filmer à poil!), ce qui est loin d’être le cas ici. Ils restent au final deux étrangers pour le spectateur qui se détache peu à peu de leur histoire. Dommage, elle était belle.

LA NOTE : 09/20

Fiche technique :
Production : Annapurna Pictures, Plan B Entertainment, Pastel
Distribution : Mars Films
Réalisation : Barry Jenkins
Scénario : Barry Jenkins, adapté du roman de James Baldwin
Montage : Joi McMillon, Nat Sanders
Photo : James Laxton
Décors : Mark Friedberg
Musique : Nicholas Britell
Durée : 119 min

Casting :
K Layne : Tish Rivers
Stephan James : Alonzo Fonny Hunt
Regina King : Sharon Rivers
Colman Domingo : Joseph Rivers
Teyonah Parris : Ernestine Rivers
Vrian Tyree Henry : Daiel Carty
Aunjanue Ellis : Mme Hunt
Diego Luna : Pedrocito
Ed Skrein : l’officier Bell
Dave Franco : Levy

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