PASSION : Lointaine jeunesse

Lorsqu’un cinéaste venu d’un pays lointain connaît un succès soudain en France, il n’est pas rare que des distributeurs opportunistes en profitent pour ressortir sur les écrans hexagonaux une œuvre de jeunesse qui n’avait pas à son époque trouvée sa place chez nous. Le soucis, c’est que l’on réalise souvent assez vite pourquoi le film n’avait alors pas franchi les océans. Ryusuke Hamaguchi a connu les honneurs des critiques et des spectateurs avec Senses puis Askao I & II. Mais était-il vraiment la peine de nous offrir sur grand écran Passion, son deuxième film sorti au Japon en 2008 ? Après l’avoir vu, la question reste entièrement posée pour moi.

Je manque sans doute de courage en refusant de répondre clairement à cette question. En effet, d’un côté je me dis qu’il est toujours intéressant de pouvoir embrasser de manière globale l’œuvre d’un grand cinéaste, ce que Ryusuke Hamaguchi est incontestablement. De l’autre, on peut se demander pourquoi avoir choisi ce film, alors que sa filmographie compte bien d’autres longs métrages inédits en France. Il est vrai que l’on retrouve dans Passion ce qui avait pu nous séduire dans Senses notamment. Cette vision contemporaine et sans fard du Japon contemporain et surtout de ses habitants. Je n’ai évidemment aucune idée de ce à quoi ressemble ses autres œuvres inconnues sur nos écrans. L’amateur éclairé ne sera en tout cas pas dépaysé ici, mais pas forcément emballé non plus par un film qui apparaît moins abouti que ses successeurs.

Qui dit œuvre de jeunesse, dit aussi manque de moyen. Visuellement, Passion flirte parfois avec le téléfilm. Un téléfilm réalisé avec un certain sens de l’esthétisme certes, mais un téléfilm quand même. C’est aussi pour cela que l’on a un peu de mal à plonger totalement dans cette œuvre qui n’est au fond qu’une esquisse de ce qui suivra. Le propos ne manque pas totalement d’intérêt, les acteurs sont remarquablement bien dirigés, mais il manque ce petit supplément d’âme, cette touche de poésie qui nous charmera dans la suite de la filmographie de Ryusuke Hamaguchi. Cela a au moins le mérite de nous rendre curieux. Que peuvent bien valoir les 5 films tournés entre celui-ci et Senses ? Peut-être d’autres distributeurs opportunistes nous apporterons la réponse.

LA NOTE : 11/20

Fiche technique :
Réalisation et scénario : Ryūsuke Hamaguchi
Photographie : Yûichi Yuzawa
Montage : Ryôko Yamamoto
Durée : 115 minutes

Casting :
Aoba Kawai
Nao Okabe
Ryuta Okamoto
Kiyohiko Shibukawa
Fusako Urabe

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