La mode des biopics ne semble pas vouloir faiblir. Le soucis est que le nombre de personnes célèbres dont la vie vaut bien un film qui n’a pas déjà été fait commence à faiblir. On reste désormais parfois circonspect sur les personnalités choisies, dont la vie est supposée donner naissance à un long métrage. J’avoue que je n’ai guère été emballé à l’idée d’assister au récit de la vie d’Elton John, surtout en découvrant que ce dernier produit lui-même ce film. Cela sentait le produit formaté pour les fans à plein nez. Il est vrai que Rocketman n’échappe pas tout à fait à ce reproche. Mais il possède assez de qualités par ailleurs, certaines inattendues, pour nous enthousiasmer aussi parfois.
La plus belle surprise vient de Taron Egerton. Que c’est étonnant me direz vous ! Un acteur de biopic dont la performance est salué, voilà qui n’a rien de bien surprenant, ce genre de numéro d’acteur (d’imitation ?) forçant généralement l’admiration. Ici, son grand mérite est justement de ne pas chercher à ressembler à tout prix à l’original. Certes, pour Rocketman, on l’a quand même affublé des dents du bonheur, mais au-delà de ça, la ressemblance n’est pas frappante. Cela donne des situations quelque peu décalées, quand il parle de ses complexes de « petit gros » par exemple, mais très étonnement cela marche parfaitement ! Et si c’était à cela que l’on reconnaît un vrai numéro d’acteur, au vrai sens vrai du terme ! Le débat reste ouvert.
La réalisation de Rocketman alterne de jolis moments avec, il est vrai, quelques passages un peu lourdingues, faciles ou encore totalement surfaits. Mais il y a à côté de cela beaucoup de sincérité sur l’alcoolisme d’Elton John qui reste quand même le fil rouge de l’histoire. Jamais il n’est présenté comme une victime, ce qui change quand même radicalement d’un Bohemian Rhapsody notamment. Certes, il y a un côté auto-célébration de la rédemption qui suit, mais au moins on ne cherche pas d’excuse au personnage. Alors on finit par être touché en découvrant qui est vraiment Elton John. Enfin, le film finit par nous entraîner avec lui par la musique. Que l’on soit fan ou pas, on ne pourra qu’être séduit par la manière dont les morceaux sont intégrés à l’histoire, flirtant parfois avec la comédie musicale. Cela permet surtout de se rappeler à quel point cet homme aura livré de nombreux tubes que l’on fredonne parfois en oubliant qu’ils sont de lui. On ressort donc de ce film avant une grande envie d’acheter tous ses albums. Signe quand même que le film reste avant tout réussi, malgré ses défauts.
LA NOTE : 12,5/20
Fiche technique :
Production : Marv films, New Republic Pictures, Paramount Pictures, Pixoloid Studios, Rocket Pictures
Réalisation : Dexter Fletcher
Scénario : Lee Hall
Montage : Chris Dickens
Photo : George Richmond
Décors : Marcus Rowland
Distribution : Paramount Pictures France
Musique : Matthew Margeson, Elton John
Durée : 121 min
Casting :
Taron Egerton : Elton John
Jamie Bell : Bernie Taupin
Richard Madden : John Reid
Bryce Dallas Howard : la mère d’Elton John
Steven Mackintosh : Stanley
Gemma Jones : Ivy
Kamil Lemieszewski : Dr Maverick