Quand on veut se marrer un grand coup, quand on veut assister à un spectacle léger et drôle, quand on veut assister à un film à grand spectacle qui vous en met plein la vue, il y a une chose à ne pas faire, jamais, en aucun cas : aller voir un film des frères Dardenne. Par contre, lorsque l’on veut assister à une œuvre aboutie, où le fond importe plus que la forme, émouvante et qui pousse à la réflexion, alors leur cinéma est parfait pour cela. Une nouvelle démonstration nous vient du Jeune Ahmed, où les cinéastes belges s’attaquent au sujet délicat de la radicalisation des plus jeunes vers une mouvance islamique extrême. Mais force est de constater qu’ils s’en sortent avec beaucoup de brio.
Le Jeune Ahmed est un film dans lequel on entre progressivement. En effet, le personnage principal n’inspire qu’assez peu de sympathie, voire même inspire une forte antipathie dès les premières minutes. Qu’importe son âge, son comportement nous est immédiatement dépeint sous un jour plutôt inquiétant. Mais peu à peu, on s’attache aux personnages qui gravitent autour de lui et qui essayent désespérément de le ramener vers la raison et la bienveillance. C’est pour eux qu’on souffre, ce sont leurs sentiments que l’on partage et qui nous touchent. Le propos prend donc un peu plus de force à chaque minute jusqu’à un dénouement particulièrement réussi.
Une nouvelle fois, les frères Dardenne ont décidé de faire de la sobriété une religion artistique. Comme la plupart de leurs œuvres (peut-être toutes, mais j’ai la flemme de vérifier), le Jeune Ahmed ne comporte aucune musique, à part au générique de fin. On se retrouve donc plongé vraiment dans un cinéma du réel, sans aucune fioriture. C’est là leur grande force et leur marque de fabrique, mais aussi la limite d’un septième art auquel on enlève certaines de ses dimensions. Le résultat aurait-il pu être encore plus frappant avec une réalisation différente, personne ne pourra jamais répondre. Mais quand un film est déjà aussi bon, il est de toute façon pas très utile d’en rajouter.
LA NOTE : 13,5/20
Fiche technique :
Production : Les films du fleuve, Archipel 35, France 2 Cinéma, Proximus, RTBF
Réalisation : Jean-Pierre & Luc Dardenne
Scénario : Jean-Pierre & Luc Dardenne
Montage : Marie-Hélène Dozo
Photo : Benoît Dervaux
Décors : Igor Gabriel
Distribution : Diaphana
Durée : 84 min
Casting :
Idir Ben Addi : Ahmed
Olivier Bonnaud : l’éducateur
Victoria Bluck : Louise
Myriem Akheddiou : Inès
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