La boxe et les chevaux ont un point commun. Dans la réalité, je n’en suis pas spécialement adepte (et c’est un euphémisme). Par contre, au cinéma, je dois admettre qu’ils peuvent être à la base de grands films et forcer mon admiration. Une nouvelle preuve avec Nevada, qui nous raconte la relation qui se noue entre un prisonnier et un cheval sauvage. L’histoire d’une rencontre donc, qui intervient entre deux vrais personnages, à la carrure et au charisme étonnants. Une sorte de Belle et la Bête, même si on ne sait pas très bien qui est qui dans l’histoire. En tout cas, cette dernière se montre convaincante et émouvante.
Nevada nous raconte bien le face à face entre deux personnalités et deux caractères. Le cheval est ici réellement un personnage à part entière, auquel il ne manque que la parole. Et encore, cette dernière ne s’avère pas forcément indispensable car son vis-à-vis ne se montre guère disert. C’est d’ailleurs sans doute ce point commun qui rend crédible la manière dont l’humain va évoluer au contact de l’animal… et réciproquement. Chacun apprivoise l’autre à sa manière, même si chacun gardera cette part de « sauvagerie » qui en feront des êtres à part. Le plus grand mérite de Laure de Clermont-Tonnerre est d’avoir réussi à nous raconter tout cela sans jamais nous proposer un film contemplatif, mais en offrant au contraire à son récit, et par là même au spectateur, une tension narrative constante. Il est vrai que le milieu carcéral offre bien des possibilités pour cela, par la violence omniprésente qui y règne.
Nevada doit beaucoup au charisme hors du commun de Matthias Schoenaerts qui envahit l’écran de sa présence, même dans un rôle où on lui demande de parler assez peu. Il confirme aussi qu’il est particulièrement à l’aise dans des rôles d’une grande sensibilité, malgré un physique qui le prédisposerait plus à des films d’action. Laure Clermont-Tonnerre fait preuve d’un sens de la mise en scène remarquable, notamment dans les face à face entre l’homme et la bête. Un vrai moment de cinéma, où on comprend à quel point une image n’est pas un produit brut, mais dépend intimement du cadrage choisi ou de l’angle de vue. Sans cette réalisation de très grande qualité, le film n’aurait clairement pas été le même. Et ça aurait été bien dommage !
LA NOTE : 13/20
Fiche technique :
Réalisation : Laure de Clermont-Tonnerre
Scénario : Brock Norman Brock, Mona Fastvold et Laure de Clermont-Tonnerre
Photographie : Ruben Impens
Montage : Géraldine Mangenot
Musique : Jed Kurzel
Direction artistique : Molly Bailey
Décors : Laurel Frank et Nova May
Costumes : April Napier
Production : Alain Goldman, co-production : Cédric Iland, Nadia Khamlichi et Adrian Politowski
Producteur exécutif : Robert Redford
Durée : 1h 36 min.
Casting :
Matthias Schoenaerts : Roman
Jason Mitchell : Henry
Gideon Adlon : Martha
Bruce Dern : Myles
Josh Stewart : Dan
Thomas Smittle : Tom
Keith Johnson : Elijah
Noel Gugliemi : Roberto
Connie Britton : la psy