Cela faisait quelque temps que je n’avais pas eu le plaisir de lire un livre écrit par George Simenon. Enfin, quelques mois tout au plus, mais tout est relatif. C’est avec un vrai bonheur que je me suis attaqué à Maigret se Trompe, titre prometteur quand on connaît la perspicacité habituelle du célèbre inspecteur. Au final, la formule ne correspond pas tout à fait au contenu du roman, mais il est incontestable que cet épisode de la série sort quelque peu de la routine dans laquelle peut nous plonger une lecture régulière des romans de cette série. Heureusement, toutes les qualités restent bien présentes.
Maigret se Trompe nous raconte l’histoire d’un face à face entre l’inspecteur et le principal suspect. Dans ce dernier, le policier pense avoir trouvé son alter ego, en termes d’intelligence et surtout de connaissance profonde de la nature humaine. Il lui voue donc une forme d’admiration qui fait vraiment sortir le personnage de ses sentiers battus. C’est très intéressant de le voir ainsi déstabilisé (ce à quoi fait référence le titre, même s’il ne commet pas d’erreur à proprement parler). La grande originalité de ce roman est que ce face à face se fait… sans que les deux hommes ne se rencontrent. Enfin pas avant toute la fin du roman en tout cas. Bon désolé, j’ai un peu spoilé.
Comme d’habitude avec cet auteur, Maigret se Trompe est merveilleusement bien écrit. Je suis vraiment jaloux de la plume de Simenon et je donnerai cher pour posséder la même. Ce roman se caractérise aussi par une place encore plus importante que d’habitude dévolu aux dialogues. Cela permet au lecteur de dévorer les pages avec voracité sans aucune peine. Le récit est incroyablement vivant et nous dresse encore une fois un portrait mordant de la société et de la bourgeoisie de l’après-guerre. On pourra ainsi constater que la nature humaine n’a que peu changé.