Et si je racontais ma vie ? Répondre positivement à cette envie demande soit un égo démesuré, soit beaucoup de courage. Dévoiler ainsi son intimité ne représente pas une démarche donnée à tout le monde. Raconter des histoires est le plus souvent le moyen de surmonter une sorte de timidité en sortant de soi-même pour parler de tout autre chose. Ecrire une autobiographie constitue la démarche radicalement inverse. De On s’Est Déjà Vu Quelque Part ? de Nuala O’Faolain, je retiendrai avant tout la postface, écrite après la sortie initiale du roman, et racontant comme l’auteur a vécu son succès et d’autres événements dramatiques, notamment le suicide d’un de ses frères. Non que le roman en lui-même n’ai pas d’intérêt, mais ça serait mentir de dire qu’il m’a totalement passionné.
On s’Est Déjà Vu Quelque Part ? parlera plus particulièrement aux femmes irlandaises. Or, il est vrai qu’en tant qu’homme français, il m’était difficile de me sentir directement concerné. Cependant, cela n’enlève rien à l’intérêt intellectuel de découvrir comme ces deux identités peuvent se confronter dans ce pays encore récemment fortement marqué par une vision traditionnelle et fortement religieuse de la société, et donc du rapport entre les sexes. Femme de média, l’auteur a le mérite d’une grande sincérité. Du moins, c’est l’impression qui se dégage de son récit, avec tous les avantages et les inconvénients que cela comporte. Le principal avantage est la valeur que cela confère à ce témoignage.
L’inconvénient de cette sincérité est qu’elle ne nous raconte pas que des événements passionnants. Une vie réelle ressemble rarement à un roman et On s’Est Déjà Vu Quelque Part ? le prouve une nouvelle fois. Finalement, c’est le succès inattendu de son roman qui constitue l’événement le plus extraordinaire de la vie de Nuala O’Faolain et c’est pourquoi la postface reste sans doute le passage le plus passionnant de ce livre. Globalement, le style de cette auteur est assez léger et fluide pour que la lecture se fasse de manière agréable, même dans les moments les plus faibles. Certainement pas la lecture de mon été, mais un roman qui parlera avec beaucoup plus de force à un autre public que moi.