AU NOM DE LA TERRE : Tout autour de la terre

aunomdelaterreafficheJ’ai déjà proposé pour ma précédente critique, celle d’Alice et le Maire, une introduction tournant autour du fait de bien connaître le sujet dont traite un film. J’ai donc quelques scrupules à utiliser le même procédé pour introduire celle sur Au Nom de la Terre. J’ai en effet la chance, parce que c’est une chance, de travailler en prise directe avec le milieu agricole et de bien connaître, par la même occasion, ses acteurs principaux, à savoir les agriculteurs. La sortie du film a provoqué beaucoup d’émotion au sein de ce monde qui vit des heures passablement difficiles. Restait à savoir si l’émotion n’allait pas troubler le jugement sur ce film.

Au Nom de la Terre évite le plus grand piège dans lequel il aurait pu tomber. En effet, il ne nous livre pas un propos manichéen. Ce n’est pas l’histoire d’une victime d’un système. Le propos n’élude la responsabilité de personne et sûrement pas celle du personnage principal. La figure du grand-père est particulièrement révélatrice. Il apparaît à la fois comme un sage qui sent venir la catastrophe, mais aussi comme un homme froid et insensible à la détresse de son fils. Le film dit beaucoup sur l’ambiguïté des valeurs paysannes et notamment ce rapport si particulier au foncier. On voit que rien n’a vraiment changé depuis la Terre d’Emile Zola.

aunomdelaterreÉdouard Bergeron a fait preuve d’un courage particulier et remarquable. Raconter sa propre histoire avec autant de recul n’est pas donné à tout le monde. On peut difficilement imaginer combien il a été dur de tourner la scène de l’agonie de son père, mort quasiment dans ses bras. Sans doute y a-t-il là une forme de démarche thérapeutique dans ce projet. Il en ressort une émotion brute et violente, qui vient se superposer à la qualité de la réflexion. Au Nom de la Terre démontre, après Petit Paysan, que le monde agricole constitue un sujet capable de nous offrir des films brillants. On les aimerait plus joyeux, mais malheureusement tout n’est pas toujours bucolique dans nos campagnes.

LA NOTE : 13/20

Fiche technique :
Production : Nord-Ouest films, France 2 cinéma, Artémis productions, Caneo films, Voo, RTBF, Be TV, Shelter prod
Distribution : Diaphana
Réalisation : Edouard Bergeon
Scénario : Edouard Bergeon, Emmanuel Courcol, Bruno Ulmer
Montage : Luc Goffin
Photo : Eric Dumont
Décors : Pascal Le Guellec
Musique : Thomas Dappelo
Durée : 103 min

Casting :
Guillaume Canet : Pierre Jarjeau
Veerle Baetens : Claire Jarjeau
Anthony Bajon : Thomas Jarjeau
Rufus : Jacques Jarjeau
Samir Guesmi : Mehdi
Yona Kervern : Emma Jarjeau

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