La poésie et le cinéma font parfois bon ménage, parfois un peu moins. Juger un film poétique peut permettre d’en souligner les grandes qualités. Mais c’est aussi parfois une manière extrêmement polie de dire qu’un film est un tantinet ennuyeux. It must Be Heaven est effectivement très poétique. Mais il est aussi, admettons-le, un tantinet ennuyeux. Léger euphémisme pour ne pas dire carrément chiant. Ses qualités sont indéniables. Mais ses défauts le sont tout autant.
It Must Be Heaven est parcouru d’une douce poésie, portée par un humour absurde. Elia Suleiman nous propose sa vision décalée sur la Palestine, Paris et New York. Le problème est que l’on ne saisit pas toujours ce qu’il cherche à nous dire. Cela donne au film un caractère très répétitif et pour tout dire relativement lassant. On aimerait pourtant rentrer pleinement dans cet univers qui parvient tout de même assez sympathique et amusant. Mais Elia Suleiman a tout simplement oublié de le rendre accessible au spectateur. Se sentant bêtement exclu, ce dernier finit par s’en détourner.
Tout cela est vraiment dommage car It Must Be Heaven est visuellement assez abouti. La réalisation apporte une touche esthétique indéniable et met parfaitement en valeur des personnages que l’on ne comprend pas toujours par ailleurs. En choisissant de faire de lui-même le personnage principal de son film, Elia Suleiman donne définitivement l’impression de nous livrer un univers extrêmement personnel. Sans doute un peu trop pour être partagé. Un OVNI cinématographique donc, mais avec un extra-terrestre qui ne parle pas tout à fait la même langue que nous.
LA NOTE : 08/20
Fiche technique :
Production : Possibles Média, Rectangle Productions, Nazira Films, Zeynofilm, Pallas Film, Doha Film Institute
Réalisation : Elia Suleiman
Scénario : Elia Suleiman
Montage : Véronique Lange
Photo : Sofian El Fani
Distribution : Le Pacte
Directeur artistique : Juna Suleiman
Durée : 97 min
Casting :
Elia Suleiman : Elia Suleiman
Tarik Kopty : le voisin
Grégoire Colin : Homme dans le métro
Vincent Maraval : producteur
Gael Garcia Bernal : lui-même