Lorsque l’on raconte une histoire, qu’on le veuille ou non, on laisse toujours à son lecteur ou au spectateur une certaine liberté d’interprétation. De nombreux films sont à l’origine de débats sans fin pour déterminer le sens de tel ou tel événement du récit. C’est parfois involontaire de la part de l’auteur, mais parfois il laisse cette marge d’incertitude volontairement. Stéphane Demoustier a clairement fait ce choix avec la Fille au Bracelet. Il prouve que ne pas apporter une réponse définitive et toute faite à une question peut avant tout souligner sa pertinence. Surtout quand l’exercice est aussi parfaitement maîtrisé.
Dans un scénario, comme dans la vie, il s’avère particulièrement difficile de cacher quelque chose sans se trahir. Le scénario et l’interprétation peuvent en effet facilement trahir des intentions que l’on chercher pourtant à cacher. Dans la Fille au Bracelet, la question est de savoir si une jeune fille de 18 ans a bien, deux ans plus tôt, commis ou non un odieux meurtre de sang froid. On peut bien sûr ressortir de ce film avec une opinion personnelle. Mais cela tiendra de l’intuition car rien ne vient donner de preuve tangible pouvant donner une réponse ferme et définitive à la question. Du coup, on est forcé de s’interroger sur ce fonde une culpabilité, sur le rapport à l’innocence supposée de la jeunesse et sur le regard que l’on peut poser sur un proche qui subit une telle accusation.
Le casting de la Fille au Bracelet se montre particulièrement brillant. Ce n’est pas en premier lieu grâce à Roschdy Zem et Chiara Mastroianni, certes irréprochables, mais dont le talent est totalement éclipsé par la performance d’une éclatante perfection de Melissa Guers. Quelle maîtrise et quel sang froid pour incarner de manière aussi convaincante un personnage aussi complexe ! On ne peut qu’être admiratif, alors que la moindre faille dans son interprétation aurait compromis. Le seul point faible du casting est Anaïs Demoustier, pas très à l’aise dans son rôle d’avocate générale. Rien qui ne puisse cependant compromettre la réussite de ce film étonnant et qui plonge le spectateur dans un certain trouble. On en ressort sans vérité, mais avec de quoi poursuivre sa propre réflexion une fois sorti de la salle.
LA NOTE : 13/20
Fiche technique :
Production : Petit film, France 3 cinéma, Frakas productions
Distribution : Le Pacte
Réalisation : Stéphane Demoustier
Scénario : Stéphane Demoustier, livre de Ulises Porra, Gonzalo Tobal
Montage : Damien Maestraggi
Photo : Sylvain Verdet
Décors : Catherine Cosme
Musique : Carla Pallone
Durée : 96 min
Casting :
Melissa Guers : Lise
Roschdy Zem : Bruno
Chiara Mastroianni : Céline
Annie Mercier : l’avocate de Lise
Anaïs Demoustier : l’avocate générale
Carlo Ferrante : l’avocat des parties civiles
Pascal-Pierre Garbarini : le président du tribunal