QUEEN & SLIM : A fond la forme

queenandslimafficheLe mouvement de lutte pour l’égalité « raciale » aux Etats-Unis inspire depuis longtemps les cinéastes, mais le plus souvent dans une perspective historique, avec des portraits des grandes figures. Avec Queen & Slim, il trouve une traduction plus contemporaine. Melina Matsoukas fait des choix artistiques forts pour porter son propos. Mais en faisant cela, elle sacrifie quelque peu le fond au profit de la forme. Et quand on traite un sujet aussi fort, c’est sans doute une erreur regrettable.

La scène qui va lancer toute l’histoire de Queen & Slim n’est pas totalement crédible. Or elle représente la fondation sur laquelle est bâti tout le film. Avec une base aussi fragile, le reste de l’intrigue paraît quelque peu chancelant. On comprend vite que le scénario est en fait celui d’une fable. Il ne vise pas vraiment le réalisme et mise surtout sur les symboles. Mais cela donne un mélange un peu étrange, un peu flou, qui a du coup bien du mal à être totalement convaincant. L’intention de Melina Matsoukas est de donner à son point de départ, un fait divers finalement banal, une dimension toute autre. Il est sans doute possible de rentrer assez dans cette histoire pour vraiment se laisser porter. Mais si on garde une vision un peu distancée, l’enthousiasme n’est définitivement pas au rendez-vous.

queendandslimLa photographie particulièrement soignée de Queen & Slim contribue à cette impression d’une forme qui nuit au fond. C’est beau, mais donne à ce film comme une superficialité, alors qu’elle traite un sujet qui demanderait plutôt gravité et profondeur. On peut y voir une forme d’audace, mais il n’en demeure pas moins que le résultat n’est pas à la hauteur de l’ambition. Cela ne doit pas nous faire oublier la prestation magistrale du duo formé par Jodie Turner-Smith et Daniel Kaluuya. Ils incarnent leurs personnages en parvenant à leur donner cette dimension supplémentaire que cherchait la réalisatrice. C’est finalement eux qui constituent le plus grand atout de ce film, certainement pas raté, mais pas réellement réussi.

LA NOTE : 10/20

Fiche technique :
Réalisation : Melina Matsoukas
Scénario : Lena Waithe, d’après une histoire de Lena Waithe et James Frey
Décors : Karen Murphy
Costumes : Shiona Turini
Photographie : Tat Radcliffe
Montage : Pete Beaudreau
Musique : Devonté Hynes
Producteur : James Frey, Lena Waithe, Melina Matsoukas, Michelle Knudsen, Andrew Coles, Brad Weston et Pamela Abdy
Coproducteur : Todd Cohen
Producteur délégué : Pamela Hirsch, Daniel Kaluuya, Aaron L. Gilbert, Jason Cloth et Guymon Casady
Durée : 133 minutes

Casting :
Daniel Kaluuya : Slim
Jodie Turner-Smith : Queen
Bokeem Woodbine : Oncle Earl
Chloë Sevigny : Mme Shepherd
Flea : M. Shepherd
Gralen Bryant Banks
Lucky Johnson
Karen Kaia Livers
Indya Moore : Goddess
Benito Martinez : le shérif Edgar
Jahi Di’Allo Winston : Junior
Melanie Halfkenny : Naomi

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