Parfois, il faut se faire une raison. Quand l’amour ne vient, il ne vient pas, on ne peut rien y faire. Même quand le premier rendez-vous était particulièrement prometteur, quand la suite ne parvient pas à faire grandir la flamme, inutile de se replonger éternellement dans le souvenir initial. On se fait du mal pour rien et on perd son temps. C’est exactement ce qui m’arrive avec Elizabeth George et les aventures de l’inspecteur Thomas Lynley. Si j’avais réellement apprécié Enquête dans le Brouillard, j’ai depuis enchaîné trois amères déceptions. Une Douce Vengeance est la dernière en date. Je crois qu’il est temps de rompre.
J’ai retrouvé dans Une Douce Vengeance le même défaut que dans des épisodes précédents. Au moins, Elizabeth George a la constance pour elle. Elle convoque dans ses récits une foule de personnages, mais ne parvient pas à les rendre assez distincts des uns des autres pour que le lecteur les différencient clairement. Du coup, même au trois quart du récit, il arrive qu’on se demande « mais c’est qui déjà ? » quand un protagoniste intervient dans un chapitre. Du coup, on arrive pas à suivre aisément le fil du récit, ce qui nous rend assez indifférent à celui-ci. Au moment où la vérité éclate, on se sent plus soulagé de voir arriver la fin du roman que de voir enfin se lever le mystère.
Elizabeth George ne possède pas une plume désagréable. C’est vraiment dans la création de ses personnages qu’elle pêche, dans la manière dont elle les introduit. Une Douce Vengeance rappelle trop les récits d’Agatha Christie (un meurtre dans un manoir d’une famille de la haute société anglaise) pour ne pas faire de comparaison. Et cette dernière l’emporte haut la main. Il y a pourtant ici une volonté, louable, d’ajouter de la complexité et un peu de noirceur. Mais la forme n’est pas à la hauteur de cette ambition.
J’aurais encore un rendez-vous puisque j’ai un épisode de cette série que l’on m’a offert il y a longtemps. Mais après cette nouvelle déception, j’ai renoncé à lire les tomes intermédiaires. Peut-être que ce dernier rencard me donnera des regrets.