TOUT CA, POUR CA : 10 ANS DE MILITANTISME AU PARTI SOCIALISTE : EPISODE 22 : Dresser la liste

episode22Avant de rentrer dans le vif d’une campagne électorale, il faut évidemment d’abord déterminer qui sont les candidats. Pour une élection municipale, il faut une tête de liste (cf. l’épisode précédent) et le reste de ceux qui vont l’accompagner. Viroflay compte 33 conseillers municipaux. Il nous fallait donc trouver 32 noms avec une contrainte non négligeable : 16 femmes, 16 hommes, inscrits sur les listes électorales de la commune ou à défaut y payant des impôts locaux. Et je peux vous assurer que ce n’était pas une mince affaire.

Pour vous rendre compte de la difficulté de l’exercice, il suffit de comparer Viroflay et Versailles. Viroflay comptait alors 16 500 habitants et Versailles 85 000, Viroflay 33 conseillers municipaux, Versailles 53. Bref à Viroflay, c’est un conseiller pour 500 habitants, Versailles un pour 1600. Le réservoir dans lequel puiser est donc bien plus restreint que dans une commune de taille supérieure. Et vous imaginez bien qu’à Viroflay, le réservoir de personnes de gauche prêtes à s’engager est d’autant plus restreint. Surtout qu’en 2014, le tissu militant du PS commençait déjà sérieusement à se déliter (j’y reviendrai dans un autre billet).

Une liste municipal est une liste à plusieurs étages. Il y évidemment la tête de liste, je ne vais pas revenir dessus, puis il y a les potentiels élus en cas de résultat « normal ». C’est à dire pour nous, les quatre premiers de la liste (même si malheureusement notre mauvais résultat final nous coûtera finalement un élu). Sur les quatre sortants, deux allaient laisser leur place. Il n’aurait pas fallu beaucoup insister pour que la troisième fasse de même, mais dans mon esprit il n’en était pas question. Déjà parce que 50% de nouveaux élus et 50% plus expérimentés est un bon ratio, mais surtout parce qu’elle était une élue de grande valeur et quelqu’un sur laquelle je pouvais savoir compter. Quelqu’un qui partageait ma vision équilibrée de l’action de l’opposition.

Pour le deuxième homme, j’avais le choix entre deux candidats potentiels. Je choisis finalement notre secrétaire de Section, avec qui je pouvais avoir des désaccords (j’y reviendrai), mais que je savais intellectuellement très solide et capable de produire de vraies argumentations étayées. Pour la deuxième femme, les premières réunions de réflexion nous a mis en lumière les grandes qualités d’une sympathisante, la femme d’un ancien membre du parti. On la connaissait depuis longtemps mais on a senti alors chez elle une réelle envie de s’engager pour de bon. Nous étions donc très heureux qu’elle accepte de figurer en quatrième position sur la liste. Et nous n’allions vraiment pas le regretter !

Le deuxième étage est formé par les ceux qui viennent compléter les 4 premiers pour constituer les 10 premiers de la liste. Ces derniers représentent en effet le maire et ses adjoints potentiels (même si ici le potentiel n’avait aucune chance de se concrétiser). C’est aussi eux qui sont plus mis en avant sur le tract présentant les candidats ou sur le site de campagne par exemple. Il faut donc que ces candidats « fassent envie » et si possible qu’un maximum de personnes puissent s’y reconnaître. C’est hyper subjectif et en toute honnêteté, notre choix était de toute façon limité. Malgré cela, nous sommes parvenus à constituer un début de liste répondant totalement à ces attentes et qui aurait, j’en suis profondément convaincu, fait un merveilleux travail si nous l’avions emporté. Nous avions même une jolie « prise de guerre », en la personne d’un professeur tout juste parti à la retraite particulièrement populaire. Une figure locale que le Maire n’était pas ravi de voir renforcer le camp d’en face.

Viennent ensuite les 23 autres. Et là, vues les difficultés évoquées plus haut, pour eux, on fait comme on peut. Dans les mois précédents l’élection, nous avions identifié, voire même été approchés par des citoyens proches du PS qui s’étaient déclarés intéressés pour s’engager à nos côtés. Mais entre les intentions et la réalité, il y a un pas que beaucoup ne franchissent jamais. L’excuse est souvent la même… le manque de temps. Une excuse particulièrement mauvaise puisque nous ne leur demandions pas plus que mettre leur nom sur la liste, même si nous aurions été ravis qu’ils consentent à plus. Bref, ne pouvant forcer personne et fort de quelques nouvelles recrues, nous parvenons à boucler la liste avec les expédients habituels : les anciens élus en fin de liste et les militants pour boucher les trous, sans avoir les moyens d’être trop regardant. Résultat, malgré une volonté de renouvellement et pas mal d’efforts déployés, sur 33 personnes sur la liste, 11 ont 65 ans et plus. Un tiers. Mais bon, l’expérience est une vertu !

Malgré tout cela, constituer une liste est toujours délicat humainement et peut se heurter à des susceptibilités mal placées. Le PS étant définitivement un parti démocratique, les militants sont invités à voter pour une liste ordonnée des candidats appartenant au parti. Il est clair que cette liste sera complétée par des candidats qui ne sont pas encartés et qui viendront s’intercaler entre les candidats issus du PS. Visiblement le 9ème sur la liste du PS ne l’avait pas compris, quand il s’est retrouvé finalement 13ème sur le premier projet de liste. Dans un premier temps, aucune réaction de sa part. Mais à l’occasion des vœux du Maire, début 2014, auquel il assiste, je viens lui demander quelque chose à propos d’un candidat éventuel qu’il connaît. Il me répond froidement et m’explique que de toute façon, il ne veut plus lui même figurer sur la liste puisqu’il a été rétrogradé, sans respect du vote des militants. Je tente de lui expliquer calmement qu’il reste bien le 9ème socialiste de la liste, mais que des candidats extérieurs sont venus s’intercaler et que cela a toujours été prévu. La conversation prend vite un tour désagréable.

S’en suivra quelques échanges de mail dont certains assez agressifs à mon égard. J’y apprends notamment qu’un jour (lors de la cérémonie du 11 novembre), je l’aurais volontairement ignoré et dénié lui dire bonjour… Réaction de maternelle 1ère année. A un moment donné, je décide de siffler la fin de la récréation et d’acter son retrait de la liste. Finalement, deux camarades le connaissant depuis longtemps finiront pas rattraper le coup et il occupera bien la place qui lui était assigné. Tout cela n’est qu’une anecdote mais montre bien que le facteur humain joue toujours un rôle en politique. A 33 ans, exerçant une profession sans collègue, je n’étais pas le mieux armé pour y faire face. Mais en tout cas, j’aurais beaucoup appris.

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