TOUT CA, POUR CA : 10 ANS DE MILITANTISME AU PARTI SOCIALISTE : EPISODE 27 : Deuxième petit tour

episode27aJe ne garde pas un souvenir vraiment marquant du premier Conseil Municipal de mon deuxième mandat. Déjà parce que ce n’était pas mon premier Conseil Municipal tout court. Mais aussi parce que je m’y suis rendu en faisant grise mine. Nous étions un élu de moins et nous nous retrouvions donc plus que jamais relégué en bout de table dans la salle du Conseil. Je me souviens simplement d’avoir fait le choix de présenter ma candidature pour le poste de Maire. J’indiquais en préambule que je le faisais évidemment de manière symbolique, pour que vive jusqu’au bout le processus démocratique. Je n’ai naturellement récolté que les trois voix de mon groupe, l’autre opposition décidant de s’abstenir.

Etre à égalité numérique avec l’autre opposition avait une conséquence fâcheuse. En effet, le Conseil Municipal désigne en son sein les membres d’un certain nombre de commissions diverses et variées. Les règles de désignation en vigueur nous permettait, quand nous étions quatre contre trois, d’occuper systématiquement la place restant pour un représentant de l’opposition. Ces commissions revêtent une grande importance car elles représentent une des rares occasions pour un élu d’opposition d’avoir accès à une information détaillée sur les dossiers en cours. Le Maire m’avait indiqué qu’il ne comptait pas nous départager et m’avait donc demandé de voir avec la troisième tête de liste comment on se répartissait les postes.

Nous avions un énorme avantage sur les représentants de l’autre opposition : nous connaissions très bien ces différentes instances et savions parfaitement dans lesquelles il était le plus importants de siéger. Je préparais donc une proposition de répartition à première vue équitable, mais qui nous permettait d’être présent dans toutes les commissions les plus stratégiques. L’autre opposition acceptât sans broncher… en me disant juste « on pourra tourner en milieu de mandat ». J’ai du me débrouiller pour esquiver une réponse, puisqu’il n’était évidemment pas question de le faire. De toute façon, le moment venu, ils oublièrent totalement cette condition.

J’avoue que je ne garde ni grands ni de très bons souvenirs de ce deuxième mandat. Déjà parce que je savais que j’allais finir par démissionner. Ensuite, parce que j’ai eu l’impression de continuer à consacrer beaucoup trop d’énergie à convaincre une partie de mes collègues de tenir notre ligne et à notre conception du travail de l’opposition. Comme je l’ai déjà expliqué ici, il n’existait pas vraiment de sujet sur lequel surfer et grâce auquel nous pouvions attiser le mécontentement de la population. Face à cette situation, soit on fait feu de tout bois et on part du principe que l’on peut trouver à redire à toutes décisions, soit on se concentre sur quelques sujets où on sait être particulièrement pertinents. Ma conception de la politique me conduisait invariablement vers cette seconde attitude, qui m’avait vu m’opposer si souvent à notre précédente tête de liste. Je pensais en avoir fini, mais un de nos trois élus et un camarade assidu à nos réunions de préparation des Conseils restaient clairement sur la première attitude. Si la tension n’était pas aussi forte qu’à une certaine époque, j’avoue garder un souvenir parfois désagréable de ces réunions. Cependant, je tenais bon. Notamment je refusais que l’on émette le moindre soupçon de malhonnêteté à l’encontre du Maire et de son équipe. Si leur médiocrité était sans borne, je n’ai jamais rien constaté qui puisse pousser mes reproches sur un autre terrain. Et je m’en réjouis.

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Nos deux angles d’attaque principaux reposaient sur les finances de la ville et le retard pris par la commune en termes d’accessibilité. Sur le premier sujet, nous avons tout essayer pour faire de la pédagogie auprès de la population, mais avec le recul, en termes de communication, c’était perdu d’avance. Le sujet était trop complexe et ne pouvait être expliqué en quelques slogans. Après, j’estime aussi que c’était notre rôle de faire ce travail, indépendamment de l’incapacité de la plupart des citoyens d’aller vraiment au fond des choses.

Pour l’accessibilité, les choses étaient un peu différentes. Les meilleurs documents produits par notre groupe pendant toutes ces années furent de loin ceux tournant autour de ce sujet. Nous avions fait le nécessaire pour illustrer graphiquement les problématiques et les quelques retours s’avérèrent positifs. Il faut dire que sur ce sujet, la majorité avait pendant de nombreuses années totalement oublié de traiter le sujet. Mais le Maire n’était pas vraiment du genre à faire des mea culpa. Ceci provoquera ma seule véritable colère en séance du Conseil Municipal, quand moi, élu socialiste, je me suis retrouvé à défendre la loi de 2005 sur la mise en accessibilité. Une loi votée par le gouvernement Balladur. Je me rappelle de regards un peu étonnés des élus de la majorité en m’entendant ainsi hausser le ton, tranchant avec mon attitude habituelle, plutôt faite de longues argumentations un peu fades. Avec le recul, je me dis que j’aurais dû adopter ce style plus souvent, car seul un grand silence me répondit. Un grand silence comme un aveu de culpabilité car ils savaient que je ne m’étais pas énervé pour rien et que j’avais raison.

Vous me direz, on ne s’engage pas ainsi en politique si on n’est pas persuadé d’avoir souvent raison. Mais parfois, cette conviction est assez forte pour l’emporter sur la mauvaise foi du camp d’en face. J’ai eu rarement cette joie. Mais rien qu’une fois, je vous promets que cela valait le coup !

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