TOUT CA, POUR CA : 10 ANS DE MILITANTISME AU PARTI SOCIALISTE : EPISODE 29 : Gem, Gem, Gem

episode29Le Parti Socialiste est connu pour avoir toujours été structuré autour de différentes sous-composantes qui auront pris différents noms au cours de son histoire : courant, motion, texte d’orientation… Ceci est d’autant plus fort que cette structuration est bien volontaire, se situant au cœur des processus démocratiques au sein du parti. Ces composantes s’affrontent au moment des Congrès et les militants sont appelés à trancher grâce à leur vote. Tout ceci serait très sain et fertile, favorisant l’émergence de nouvelles idées à travers le débat, si cela se limitait aux périodes de Congrès et ne provoquait pas des fractures beaucoup plus profondes et constantes.

Ces sous-composantes ont été toujours plus ou moins structurées, selon leur permanence et la culture de ceux qui les faisaient vivre. L’aile-gauche du parti socialiste a toujours été la mieux organisée, bien qu’elle compte parfois un grand nombre de chefs autoproclamés. Mais elle a toujours pu compter sur le soutien du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) qui lui offrait de facto une certaine organisation. Elle pouvait aussi s’appuyer sur une culture profonde des pratiques militantes et de la prise de contrôle du parti. Ce n’est évidemment pas le seul mouvement au sein du PS à avoir pratiqué l’entrisme, l’intimidation ou les fausses cartes d’adhérents (les régions PACA et Nord, contrôlées par d’autres chapelles, savaient très bien y faire), mais c’est sûrement la force interne qui l’aura exercé avant le plus de constance, sans jamais parvenir à ses fins cependant (ce qui conduira à la création de Génération.s, mais ceci est une autre histoire).

François Hollande, paradoxalement, ne pouvait pas compter sur un tel mouvement organisé. En effet, il a passé trop d’années à diriger le PS et à préserver tant qu’il pouvait l’unité entre les différents courants pour avoir le temps d’en créer et structurer un. Il commença cependant à le faire, après avoir passé la main à Martine Aubry, en créant Répondre à Gauche, dirigé par son plus fidèle lieutenant, Stéphane Le Foll. Mais voilà, après avoir été longtemps le chef de tous les Socialistes, il est devenu assez rapidement le chef de tous les Français. Et en homme de synthèse qu’il était, François Hollande décida alors de mettre en sommeil le mouvement prêt à aller au combat pour défendre son action, sous prétexte de ne pas créer la division. C’est pour ce genre de décision que j’ai une certaine affection pour l’homme. Mais aussi un peu de regret par rapport à la manière dont tout cela finira.

En 2014, la Fédération des Yvelines était tombé sous la coupe de Benoît Hamon et de ses… allez disons partisans, même si j’ai bien envie d’employer le mot « sbires ». Ces derniers mettaient tout en œuvre pour faire du PS local une machine à dénigrer consciencieusement l’action du gouvernement. Le départ de Benoît Hamon de ce dernier donna évidemment une impulsion supplémentaire à ce travail de sape, qui avait déjà chassé pas mal de camarades du Parti, lassés d’être l’objet d’attaques lors des réunions de Section de la part des petits roquets à sa solde. J’avais la chance d’échapper à cette ambiance délétère à Viroflay, mais je recevais les échos de ce qui pouvait se passer ailleurs dans le département.

Face à cette machinerie trop bien huilée, les quelques camarades motivés pour résister et défendre l’action gouvernementale voulurent s’organiser à leur tour pour être en mesure de contre-attaquer. Répondre à Gauche semblait être le meilleur cadre pour cela. Mais nous nous sommes vus opposés un refus venu d’en haut. On devait continuer à faire profil bas pour ne pas apparaître comme diviseur. La situation était trop intenable dans les Yvelines pour que nous en restions là. Nous avons donc pris notre destin en main et crée GEM, Gauche en Mouvement, qui devait se charger de faire un travail pédagogique principalement auprès des militants et sympathisants pour leur rappeler tout ce qui était fait par un gouvernement qui restera, quoi qu’on en dise, avant tout de gauche et dont l’action ne se résume pas à la caricature qui en était faite.

Notre action se concrétisa principalement à travers une newsletter que nous diffusions comme nous pouvions, n’ayant pas accès aux voies de diffusion officielles. Les retours se montrèrent extrêmement positifs et surtout étonnés… Pourquoi n’existait-il personne d’autres que nous pour faire ce travail au sein du PS ? Pourquoi personne au niveau national ne se donnait la peine de faire un point clair, condensé et pédagogique sur l’action d’un gouvernement qui en était issu ? Cela tient à des faiblesses structurelles du PS, mais aussi à l’absence de volonté de François Hollande que ce travail soit fait. Je ne suis pas convaincu que cela aurait inversé le déclin de la base militante encline à le soutenir, mais au moins cela ne ne l’aurait pas plongé dans un sentiment d’abandon, dont elle ne s’est jamais vraiment remise.

Avons-nous au moins tirer, au niveau local, des bénéfices politiques de ce travail qui aura pris un peu de temps libre à plusieurs d’entre nous pendant une année et demi ? Les prochains épisodes répondront malheureusement par la négative. Mais bon, si vous avez suivi mon récit depuis le début, vous n’en serez guère surpris…

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