De temps en temps, il faut savoir combler les trous qu’on a laissé dans sa culture. J’en ai encore beaucoup, mais ne jamais avoir lu Jean-Paul Sartre n’en fait désormais plus partie, puisque je viens de lire la Nausée. Une œuvre légère et joyeuse… Euh non pas vraiment. Un œuvre profonde en tout cas, mais dont on ne ressort pas vraiment le cœur en fête, nageant dans l’allégresse et l’optimisme. Bien au contraire. J’avoue ne pas avoir été loin de passer à côté de cette morceau majeur de la littérature française. Mais les dernières pages, explicitant le sens global du propos, m’ont permis d’embrasser pleinement la pensée sartrienne. Et d’y trouver le profond intérêt qui explique se place dans l’histoire de la philosophie.
Les premières pages de la Nausée attise la curiosité. C’est donc avec un certain entrain qu’on attaque ce roman. La suite peut laisser plus circonspect. On a du mal à bien comprendre ce que Jean-Paul Sartre cherche à nous dire, au-delà de la simple litanie des états d’âme du personnage. Mais quand le propos prend de la hauteur, on est interpellé par la puissance du propos. Que l’on se sente proche ou au contraire à l’opposé du narrateur, on découvre toute la pertinence de la réflexion. Elle l’est encore plus quand elle se mêle vraiment au récit, comme dans les dernières pages du roman.
La Nausée est donc un peu plus qu’un roman. C’est un œuvre littéraire d’une immense force. La plume de Jean-Paul Sartre n’est pas la plus spectaculaire ou flamboyante, mais elle sait faire naître les idées d’une profondeur rare. Je n’ai jamais été un amateur éclairé de textes philosophiques. Ce roman m’a cependant ouvert de vrais horizons de réflexion. Rarement un récit n’aura à ce point porter une vision de la nature humaine et de la manière donc chacun appréhende le rapport à l’autre. « L’enfer c’est les autres » n’est pas une citation de ce roman, mais elle prend sens à travers ce roman et témoigner des fondements de la pensée sartrienne. Une pensée que la curiosité donne vite envie d’approfondir.