Benoît Délépine et Gustave Kervern ont fini par se faire une vraie place dans le monde du cinéma français, ce qui n’est jamais garanti quand on vient du monde du petit écran. Leur univers décalé et poétique nous a déjà offert de jolis moments et surtout surprenants. Effacer l’Historique se situe vraiment dans la continuité de leur filmographie sur bien des points. Il bénéficie donc de toutes les qualités habituelles qui nous les ont faits aimer en tant que réalisateurs. Mais il se heurte aussi aux mêmes limites.
Comme beaucoup de leurs films, Effacer l’Historique s’apparente presque à un films à sketch, mais sans l’être de manière assumée. Le scénario s’efforce de rassembler toutes les séquences pour faire progresser une seule et même histoire. Il y parvient dans l’absolu, mais cela garde un petit aspect artificiel. On parfois l’impression qu’ils ont d’abord listé tous les travers du monde numérique et on construit l’histoire pour que tout y trouve sa place. Cet entre-deux empêche le film de prendre vraiment une vraie dimension et de devenir une dénonciation forte et profonde. Il en restera au stade de la dénonciation légère et poétique,ce qui correspond bien au style de Délépine et Kervern. Certes leur cinéma est militant, mais sans jamais se prendre réellement au sérieux.
Encore une fois, ils parviennent à rassembler un casting qui rendrait jaloux bien des réalisateurs. Il offre notamment à Blanche Gardin son rôle le plus marquant de sa carrière d’actrice. Même si elle reste dans un registre qui lui correspond totalement, on ne peut que saluer la qualité de sa prestation. Elle rivalise largement avec Denis Podalydes toujours aussi juste. On ne compte plus ensuite le nombre de caméos plus ou moins longs et savoureux qui peuple Effacer l’Historique. C’est anecdotique, mais autant de second, troisième et quatrième rôles de qualité tirent évidemment la qualité globale du film vers le haut. Ils contribuent tous donc à faire de ce film une réussite sympathique qui nous donnerait presque envie de nous débarrasser de notre smartphone. Allez, je commence demain…
LA NOTE : 12/20
Réalisation et scénario : Benoît Delépine et Gustave Kervern
Décors : Madphil
Costumes : Agnès Noden
Directeur de la photographie : Hugues Poulain
Montage : Stéphane Elmadjian
Son : Régis Boussin et Fabien Devillers
Production : Sylvie Pialat, Benoît Delépine, Gustave Kervern et Benoît Quainon
Durée : 106 minutes
Casting :
Blanche Gardin : Marie
Denis Podalydès : Bertrand
Corinne Masiero : Christine
Vincent Lacoste : le sextapeur
Benoît Poelvoorde : le livreur Alimazone
Bouli Lanners : Dieu, le hackeur
Vincent Dedienne : le fermier bio
Philippe Rebbot : la feignasse
Michel Houellebecq : l’acheteur de voiture suicidaire
Clémentine Peyricot : Cathya
Lucas Mondher : Sylvain
Jean-Louis Barcelona : le serveur grognon
Candy Ming : la guichetière de la Poste
Joseph Dahan : le guichetier de la Poste
Pierre Gommé : le gamin de la banque
Jackie Berroyer : le voisin pointilleux
Jean Dujardin : le chasseur de pandas (en photo)
Denis O’Hare : le millionnaire américain
Gustave Kervern : l’autre dodo