TOUT CA, POUR CA : 10 ANS DE MILITANTISME AU PARTI SOCIALISTE : EPISODE 36 : Fin de règne

episode36Après les élections régionales et la déchéance de nationalité, le moral des militants socialistes ne se situent pas au beau fixe en ce début d’année 2016. L’échéance électorale de l’élection présidentielle se rapproche à grande vitesse et rien ne vient laisser penser que le quinquennat pourra être sauvé. Le dernier clou sera mis par la Loi Travail. J’ai beau être me situer sur l’aile droite (même si je récuse ce titre) du PS au niveau économique, il faut avouer que défendre cette initiative pouvait difficilement être défendu avec cœur et enthousiasme par un militant socialiste.

2016 restera pour moi une belle année d’un point de vue personnel. Celle d’un grand changement dans ma vie qui va venir bouleverser ma vie de militant. Depuis septembre 2015, je me rends tous les lundis matin dans les locaux de l’association de anciens de mon école d’ingénieur pour suivre une « formation » pour chercher efficacement un nouveau travail. Dans ma tête, le changement est donc désormais inéluctable. Il intervient au printemps, où je change d’emploi. Un nouveau job situé en plein Paris et m’offrant un salaire qui me donne les moyens de réaliser un vieux projet de vie : vivre enfin dans la capitale intra-muros.

Cette dernière étape n’interviendra qu’en septembre. Mais je l’ai en ligne de mire depuis septembre 2015. Je le garde pour moi, tant que le changement ne se concrétise pas, mais je vis désormais tout avec un certain détachement. L’histoire du PS de Viroflay et des Yvelines s’écrira bientôt sans moi et je le sais. Alors je me sens de moins en moins concerné, avec une envie de moins en moins forte de m’investir pour résoudre les difficultés qui surviennent. Mon univers militant est de plus en plus mal en point et je sais que je ne ferai pas grand chose pour y remédier.

La Section du PS de Viroflay a vu ses effectifs diminuer peu à peu depuis l’élection de François Hollande, chaque polémique apportant son lot de démissions, alors que les recrutements sont peu nombreux. Cette situation se retrouve partout en France. Pendant mes dix ans de militantisme dans mon ancienne commune, j’ai refusé à plusieurs reprises de devenir Secrétaire de Section. Il serait donc doublement injuste de ma part d’émettre la moindre critique envers celui qui exerçait alors cette fonction. Mais force est de constater que beaucoup des militants restant me font part régulièrement de leur mécontentement quant à l’animation et le contenu des réunions. En tant que leader politique, c’est vers moi qu’ils se tournent.

Si je n’avais pas su mon départ proche, j’aurais pris mes responsabilités et aurais tenté de devenir Secrétaire de Section à l’occasion du Congrès de Poitiers. A la place de ça, je constate les dégâts, le coeur serré. Je n’ai pas la prétention d’affirmer que j’aurais pu inverser une tendance aussi générale. Mais au moins, j’aurais eu le sentiment d’avoir fait le maximum. Le plus dur est cependant de taire mon départ inéluctable, même quans l’avenir est évoqué. Surtout une fois mon nouveau travail trouvé. Je dois expliquer à plusieurs reprises qu’il est tout à fait accessible de Viroflay (ce qui est vrai), quand on s’inquiète d’un éventuel départ à cause de ça. Mon envie de venir habiter Paris ne tient de toute façon pas à mes trajets domicile-travail.

Au niveau des Yvelines, notre collectif s’est aussi effiloché depuis les élections régionales. Les deux principales déçues ont adopté des attitudes différentes. L’une s’est mise en retrait, l’autre, celle dont on se méfiait, fait cessession. Son futur parcours à la République en Marche montre bien qu’elle aura toujours plus brillé par son arrivisme que par ses convictions.

Elle m’aura fait vivre une des moments les plus hallucinants de bêtise humaine causée par l’activisme politique. J’ai l’occasion de la croiser dans le cadre de mon activité professionnelle, un jour d’inauguration. Autour du buffet, elle m’aborde avec la même cordialité que celle que l’on se témoignait avant les régionales. Nous ne sommes donc pas dans le cadre d’une réunion politique, mais ça ne l’empêche pas de me livrer alors un réquisitoire d’une violence absolue contre le leader de notre mouvement, celui qui l’accuse de l’avoir trahie pour jouer sa carte personnelle. Sauf que les arguments employés tiennent plus du délire paranoïaque que de l’argumentation étayée. En gros, elle l’accuse d’être un mythomane qui nous manipulerait.

Comment pouvait-elle imaginer une seconde que j’allais lui donner raison et me laisser convaincre par son tissus de « faits alternatifs » comme on dit maintenant ? La politique pousse des gens pourtant brillants, normalement rationnels à ce genre de comportement proche du pathologique. Peut-être ai-je déjà sombré dans de tels travers. En tout cas, j’aurais passé toutes ces années à tout faire pour l’éviter.

Suite à cela, lors d’une réunion de notre groupe, certains plaident pour une réconciliation. Je prends alors ma parole et évoque l’incident précédent. Et je pose une question qui se pose à tous les forces minoritaires dans le jeu politique : doit-on, sous prétexte de renverser un pouvoir qui nous semble néfaste, nous allier avec quiconque mène le même combat que nous ? Doit-on légitimer ces travers pour combattre ceux de la majorité ? Je n’ai pas de réponse définitive. Car se diviser quand on est minoritaires, c’est se condamner définitivement à la défaite. Mais passer l’éponge sur tout, c’est péréniser à jamais ce genre de comportement. Cynisme efficace ou idéalisme vain, voilà le dilemne qui se propose à tous les militants politiques.

On rêve tous d’un idéalisme efficace. Mais tous les rêves ne se réalisent pas.

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