Le film noir, grande tradition du cinéma hexagonal, peut prendre des formes particulièrement variées. Evidemment, on pense plus naturellement à un détective bourru ou un flic flirtant constamment avec la légalité. Un peu moins à un docteur. Pourtant Médecin de Nuit est un vrai film noir. Pas uniquement par son caractère avant tout nocturne. Aussi parce qu’il explore quelques recoins sombres de l’âme humaine, là où la violence et la force façonnent les rapports humains et peu facilement broyer les plus faibles. Vous l’aurez compris, on est loin de l’ambiance de Grey’s Anatomy. Ce film ravira les amateurs de plongée dans les bas-fonds plutôt que ceux qui ont toujours rêvé d’écouter à travers un stéthoscope.
Comme beaucoup de films noirs hexagonaux, Médecin de Nuit repose largement sur les rapports entre les personnages. Des rapports souvent ambigus et tendus, qui créent une ambiance particulière dès les premières minutes. On sent bien que chacun d’eux cache quelque chose et qu’ils auraient bien tort de se fier les uns aux autres. Le scénario repose sur une sortie progressive de l’ambiguïté, soit par la découverte de la vérité, soit par les choix que doivent faire les personnages. Cette somme de petits rebondissements forment une histoire particulièrement solide, l’exercice étant mené avec beaucoup d’intelligence et de subtilité. Il parvient à maintenir la tension jusqu’au bout avec une force remarquable, captivant le spectateur au passage.
Le film se repose beaucoup sur la présence de Vincent Macaigne à l’écran. Son physique n’est vraiment pas celui que l’on attend d’un « héros » de cinéma. Médecin de Nuit exploite pleinement son aspect à première vue inoffensif, mais qui ne l’empêchera pas ici de vivre des péripéties où la tension flirte souvent avec la violence. Face à lui, Pio Marmaï démontre que l’âge a fini par le rattraper lui-aussi. Mais une certaine maturité lui sied à ravir et il continue d’exercer une certaine fascination quand il apparaît à l’écran. Sara Gireaudeau produit le même effet, avec ce mélange troublant de force et de fragilité. Comme souvent avec les films noirs français, la qualité du casting joue un rôle prépondérant dans la qualité du film. Tant que cela reste de cette qualité, on ne va sûrement pas s’en plaindre.
LA NOTE : 13/20
Fiche technique :
Réalisation : Élie Wajeman
Scénario : Élie Wajeman et Agnès Feuvre
Photographie : David Chizallet
Son : Mathieu Leroy
Montage : Benjamin Weill et Béatrice Herminie
Musique : Evgueni Galperine et Sacha Galperine
Décors : Astrid Tonnellier
Costumes : Virginie Montel
Production : Georges Bermann
Durée : 82 minutes
Casting :
Vincent Macaigne : Mickaël
Sara Giraudeau : Sofia
Pio Marmaï : Dimitri
Sarah Le Picard : Sacha
Florence Janas : Anna
Lou Lampros : Nadège
Ernst Umhauer : Badri