Les lieux ont une histoire et même parfois une âme. C’est évidemment vrai pour des lieux hautement symboliques, ayant traversé l’histoire et qui nourrissent l’imagination y compris de personnes ne les ayant jamais vus en vrai. Il suffit de voir l’émotion mondiale provoquée par l’incendie de Notre-Dame. La perspective de la destruction de la cité Gagarine d’Ivry-sur-Seine n’a pas ému grand monde. Pas grand monde, sauf tous ceux qui ont pu y vivre, naître ou grandir. Un long métrage, sombrement appelé Gagarine, né d’un court-métrage documentaire sur les habitants de la cité, vient leur rendre hommage. Un film d’une étonnante poésie pour un sujet qui aurait pu facilement virer au pur drame social et misérabiliste.
Gagarine dresse un double portrait. Celui de la cité vouée à la destruction, vous l’aurez compris, mais aussi celui d’un jeune garçon qui n’accepte pas la situation et entreprend même de rénover ces bâtiments parfois proche de l’insalubrité. Un projet un peu fou qui va… Non je ne dirai rien de plus car l’histoire va prendre des chemins inattendus et c’est en cela qu’il prend tout son intérêt. L’histoire est final d’une force que l’on imaginait pas, dégageant une profonde émotion qui ne vient pas de ce à quoi on pouvait s’attendre vu le sujet de départ. Il parvient à parler avec la même puissance du lieu et de ses habitants. Et c’est là son plus grand mérite.
Gagarine y parvient par sa qualité scénaristique, mais aussi artistique. Le film est remarquablement bien réalisé. Fanny Liatard et Jérémy Trouillh signe un beau film à tous points de vue. Ils mettent images et musique au service de leur histoire avec beaucoup de maîtrise. Ils dirigent aussi remarquablement bien leur casting. Le jeune Alseni Bathily porte le film largement sur ses épaules et contribue largement à l’émotion véhiculée par ce film. Il est cependant quelque peu éclipsé par l’incroyable présence à l’écran de la jeune Lyna Khoudri. On l’avait découverte éblouissante dans Papicha. Eblouissante, elle le reste ici ! Ce film est au final une vraie surprise par la manière dont il traite son sujet et par sa qualité. Des surprises comme on les aime.
LA NOTE : 13,5/20
Fiche technique :
Réalisation : Fanny Liatard et Jérémy Trouilh
Scénario : Benjamin Charbit, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh
Musique : Amine Bouhafa, Evgueni Galperine et Sacha Galperine
Décors : Marion Burger
Costumes : Ariane Daurat et Virginie Montel
Photographie : Victor Seguin
Montage : Daniel Darmon
Production : Julie Billy et Carole Scotta
Durée : 97 minutes
Casting :
Alseni Bathily : Youri
Lyna Khoudri : Diana
Jamil McCraven : Houssam
Finnegan Oldfield : Dali
Farida Rahouadj : Fari
Denis Lavant : Gérard