CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 4: Justice et injustice

Le meilleur a gagné ! Voilà le constat qui est supposé conclure chaque compétition. Le champion olympique est celui qui s’est montré le plus performant. Et ce n’est que justice ! Enfin logiquement. En effet, il arrive parfois qu’un des battus trouve que ce n’est pas la justice qui triomphe avec son vainqueur, mais bien l’injustice. Or, si être battu par plus fort que soit peut simplement décevoir, être battu par une injustice a quelque chose d’insupportable, tant cela trahit l’esprit même d’une compétition saine et loyale. Surtout quand la compétition en question est aussi prestigieuse que les Jeux Olympiques.

L’histoire du sport est jalonnée d’injustices devenues parfois légendaires. Et derrière beaucoup d’entre elles se trouvent quelque chose de terriblement faillible… Le jugement humain. Combien d’arbitres ou de juges ont vu leurs décisions contestées et jugées scandaleuses par ceux dont elles ont précipité la défaite ? A une époque où la technologie semble capable de résoudre tous les problèmes, cela devient de plus en plus insupportable. Le sport s’adapte du coup à cette exigence, en faisant de plus en plus appel à cette technologie supposée miraculeuse, sous forme de vidéos et capteurs divers.

Mais cette tendance résout-elle vraiment le problème ? Sarah-Léonie Cysique ne répondra certainement pas par l’affirmative après la sanction l’ayant frappée et fait perdre son combat pour la médaille d’or en judo. C’est bien en revisionnant les images que les juges ont commis ce que beaucoup considèrent comme une terrible injustice. Je ne suis pas assez spécialiste du judo et de toutes ses subtilités pour avoir un avis personnel définitif et tranché sur la question, mais il me semble que la décision aurait tout aussi bien pu être inverse et venir frapper au contraire son adversaire. Rares sont les décisions qui ne recèlent pas au moins une part d’arbitraire. Les arbitres sont justement là pour les arbitrer. Toute la technologie du monde ne saura faire totalement disparaître cet aspect du sport.

Il n’est évidemment pas sûr que les habitants du Kosovo partagent les mêmes sentiments et la même vision des choses. Leur favorite a gagné, c’est sûrement tout ce qui leur importe. Cette joie est l’autre face d’une pièce, à l’opposée de la colère pouvant être ressentie dans le camp français. Une même pièce qui s’appelle tout simplement l’émotion, sans laquelle l’amour du sport ne serait pas aussi viscérale. Il faut donc accepter cette part d’injustice quand on est spectateur, car, sans elle, nos joies seraient moins fortes quand la pièce tombe du bon côté pour nous. Evidemment, pour celle qui aura tant sacrifié, qui aura consacré tant d’efforts et d’heures d’entraînement pour se voir finalement privée de cette façon d’une médaille d’or qui lui tendait les bras, je peux comprendre que cela reste inacceptable.

Cependant, le fair-play dont a fait preuve Sarah-Léonie Cysique dans ses déclarations d’après-combat est un modèle du genre. Cela ne peut que faire encore grandir l’immense respect qu’elle mérite. Mais aussi, notre tristesse et notre colère face à l’injustice. Que l’injustice meurt, longue vie à l’injustice !

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