ANNETTE : Talent et prétention

Le prétention est un travers très dommageable pour un artiste. Connaître sa valeur est important, se croire plus talentueux que ce qu’on est réellement représente un vilain défaut. D’après certains critiques, Leos Carax est un véritable génie. Ils avaient chanté les louanges d’Holy Motors son précédent film. De mon côté, j’avais trouvé le film incroyablement ridicule et mauvais. Je ne formulerai pas un jugement aussi dur sur Annette, qui vient de recevoir le prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes. Par contre, je ne déborderai toujours pas d’enthousiasme pour un long métrage signé par un réalisateur d’un immense talent, mais persuadé à tort d’être un pur génie.

Leos Carax se distingue par une imagination débordante. C’est évidemment une qualité non négligeable, mais le travail ne s’arrête pas là. Il faut faire le tri parmi tout ce qui germe dans son esprit, ne garder que le meilleur pour le retravailler, le polir pour arriver à un résultat réellement abouti. Annette regorge d’idées et de créativité. Mais tout semble livré de manière brute, sans prise de recul pour voir si c’était vraiment à retenir. Cela donne une alternance de moments de grâce cinématographique et de passages un peu ridicules ou horriblement longs, qui nous empêchent de rentrer totalement dans ce film. Comme si être sorti de l’esprit de Leos Carax se suffisait à lui-même pour justifier une présence à l’écran.

Ce qui sauve au final Annette reste le fait que la grâce se concentre au moment du dénouement. La dernière demi-heure constitue un vrai beau moment de cinéma, digne des compliments que Leos Carax a l’habitude de recevoir. Compliments pleinement mérités, de la première à la dernière seconde, par contre pour Adam Driver, qui confirme ici qu’il est un des acteurs les plus « tout-terrain » du 7ème art actuel. On notera aussi une première incursion sur grand écran, dans un registre dramatique tout du moins, de Simon Helberg, que les fans de The Big Bang Theory reconnaîtront. Le film nous laisse au final sur un sentiment mitigé, entre la satisfaction d’avoir assisté à un spectacle vraiment original et inattendu et la déception d’être passé à côté d’un grand film, dont la prétention du réalisateur nous prive bêtement.

LA NOTE : 10,5/20

Fiche technique :
Réalisation : Leos Carax
Scénario : Ron et Russell
Mael Musique : Sparks
Décors : Florian Sanson
Costumes : Pascaline Chavanne et Ursula Paredes Choto
Photographie : Caroline Champetier
Son : Erwan Kerzanet
Montage : Nelly Quettier
Supervision musicale et production exécutive musique : Pierre-Marie Dru
Production : Charles Gillibert, Paul-Dominique Win Vacharasinthu et Adam
Driver Durée : 140 minutes

Casting :
Adam Driver : Henry McHenry
Marion Cotillard : Ann Defrasnoux
Simon Helberg : le chef d’orchestre
Devyn McDowell : Annette
Rebecca Dyson-Smith : Jane Smith
Rila Fukushima : une infirmière
Laura Jansen : une infirmière
Angèle : une des six accusatrices
Natalie Mendoza : une des six accusatrices
Ron Mael : lui-même
Russell Mael : lui-même
Leos Carax : le producteur
Nastya Carax : Nastya
Kait Tenison : la juge
Nino Porzio : le shérif Garoni
Catherine Trottmann : Ann

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