Bien avant le mouvement BlackLivesMatter, de nombreuses œuvres ont abordé la différence de traitement de la justice américaine (et à vrai dire d’une large part de la société) selon l’origine ethnique des personnes concernées. C’est le cas de Papillon de Nuit, de R.J. Ellory. Pourtant, il s’agit d’un récit à la première personne d’un personnage caucasien (pour reprendre le terme le plus politiquement correct qui soit), mais l’histoire… Non je n’en dirai pas plus pour laisser d’éventuels lecteurs découvrir le contenu exact de l’intrigue de ce très bon roman.
La narration de Papillon de Nuit est construite à travers le récit d’un condamné arrivant dans le fameux couloir de la mort. On alterne le retour sur les événements passés avec des passages nous décrivant le présent du narrateur. Le procédé est classique mais R.J. Ellory l’utilise avec assez d’habileté pour qu’il se montre convaincant. Le lien entre le passé et le présent se dessine peu à peu et créer une réelle tension narrative. On parcourt donc le récit avec beaucoup d’envies, découvrant un panorama éloquent de l’Amérique profonde des années 60 et 70, mêlant histoire et Histoire.
On pourra simplement regretter un twist final bien trop prévisible. Mais c’est chercher la petite bête face à ce roman solide et intelligent. Papillon de Nuit se trouve rangé au rayon polar ou thriller, au prétexte qu’une histoire judiciaire en constitue le fil rouge, mais on est en fait plus proche du récit historique et sociologique. La plume habilement efficace de R.J. Ellory nous porte de la première à la dernière page. Le sujet n’est pas léger, mais le style l’est. On ne peut donc que recommander cette œuvre qui décrit une époque mais traite un sujet malheureusement encore bien trop contemporain.