Le cinéma de Bruno Podalydès se distingue par deux caractéristiques. Tout d’abord, ses films sont généralement des comédies fantaisistes et humanistes, portant un regard critique sur la vacuité et la frénésie du monde moderne. Ensuite, il met généralement en scène son frère Denis, ce qui est relativement compréhensible, vu le talent du frangin. Les 2 Alfred ne déroge pas à ces deux règles. Il en confirme également une troisième. Son oeuvre se caractérise aussi par un aspect très inégal. D’un film à l’autre, mais aussi au sein même de chacun d’eux. On aurait aimé que ce film-ci fasse exception.
Les 2 Alfred souffre tout de même de plusieurs défauts. Déjà, le propos sociétal sous-jacent est gentillet, mais à force d’enchaîner les clichés et les très (trop) grosses ficelles, il finit par lasser, voire même horripiler. Le ressort comique qui en découle perd du coup de son efficacité au fur et à mesure que le récit avance. Globalement de toute façon, l’humour de ce film ne parvient pas à se renouveler suffisamment pour transformer les quelques sourires initiaux en vrai bonheur cinématographique. On ne passe pas pour autant un mauvais moment, mais certain pas aussi inoubliable que son caractère imaginatif et fantaisiste aurait pu le laisser espérer. Il y a malheureusement un peu de paresse dans l’écriture qui a l’air de considérer qu’il n’y avait pas besoin d’aller au-delà de l’idée de départ.
Paresse aussi dans la direction d’acteurs. Les deux frères Podalydès, tout comme Sandrine Kimberlain, sont clairement en roue libre et interprètent leur rôle avec une regrettable mollesse. Il faut chercher du côté du casting plus jeune et moins prestigieux pour trouver des raisons de réellement se réjouir. On soulignera notamment la très belle prestation de Luàna Bajrami, qu’on avait déjà remarqué dans le Portrait de la Jeune Fille en Feu. Les 2 Alfred se révèle donc au final décevant, faute d’une réelle volonté de proposer autre chose qu’un film tout juste sympathique. Mais en renonçant à devenir meilleur, on cesse souvent déjà d’être bon.
LA NOTE : 09/20
Fiche technique :
Réalisation et scénario : Bruno Podalydès
Photographie : Patrick Blossier
Montage : Christel Dewynter, assisté de Mia Collins
Décors : Wouter Zoon
Costumes : Dorothée Guiraud
Son : Laurent Poirier
Mixage son : Cyril Holtz
Création de l’affiche française : Charles Berberian
Production : Pascal Caucheteux
Durée : 92 minutes
Casting :
Denis Podalydès : Alexandre Duveteux
Sandrine Kiberlain : Séverine Cupelet
Bruno Podalydès : Arcimboldo
Luàna Bajrami : Suzie
Yann Frisch : Aymeric
Leslie Menu : Sarah
Michel Vuillermoz : le banquier
Jean-Noël Brouté : le ventouseur de chez Wyn Wyn
Isabelle Candelier : la femme d’affaires
Philippe Uchan : le chauffeur épuisé du VTC
Patrick Ligardes : le maire de Croisseuil
Florence Muller : Gisèle, le femme du maire et première adjointe de Croisseuil