Etre juif et vivre dans un Kaboul contrôlé par les Talibans, voici un destin que l’on n’envie pas. Chicken Street nous permet de rencontrer Simon et Alfred, les deux derniers juifs d’Afghanistan. Une idée de départ inattendue mais qui se voit considérablement enrichie par bien d’autres éléments, malgré la brièveté de ce roman, qui a intégré ma bibliothèque par le plus grand des hasards, l’ayant ramassé un jour dans la rue. La surprise s’avéra cette fois très bonne, car le récit touchant nous fait naviguer entre rires et larmes.
Chicken Street reste avant tout un roman profondément sentimental. Sur l’amour, la jalousie, mais aussi la haine et l’intolérance. Les événements géopolitiques qui servent de contexte à tout cela ne forment qu’un décor. Le récit laisse une grande place aux émotions qui traversent le cœur et l’esprit des personnages. Des sentiments violents, parfois absurdes, mais qui résonnent ici avec beaucoup de force. Cela donne à tous les personnages une grande humanité et une réelle profondeur, qui permet au lecteur de s’y attacher sans réserve. L’intrigue échappe ne sombre jamais dans le mélo un peu mièvre où elle aurait pu terminer, ce qui n’est pas le moindre mérite de ce roman.
La plume d’Amanda Sthers est simple et sans fioriture. Beaucoup d’autrices ou d’auteurs auraient, pour le même contenu, proposé un livre beaucoup plus épais. Ce côté très direct confère parfois une impression de naïveté, mais cela ne fait que rendre le récit encore plus touchant. Il y a ni prétention, ni faux semblant dans l’écriture, alors que certains sujets abordés sont d’une lourde gravité. Chicken Street donne au final une impression de sincérité, préférant la petite histoire, à la grande. Mais le destin de quelques personnages sont parfois tout aussi passionnant que celui des peuples et des nations.