BAC NORD : De l’autre côté du miroir

Le succès du film les Misérables (pas le roman de Victor Hugo), et son triomphe aux Césars 2020, a soulevé son lot de polémiques. Le principal portait sur le caractère biaisé du point de vue, défavorable aux forces de l’ordre et faisant passer certains « voyous » pour des victimes. Personnellement, je n’avais pas du tout eu ce sentiment, voyant dans ce film la dénonciation d’un système qui entraîne tout le monde dans une spirale de violence, quand bien même le réalisateur n’avait pas abandonné sa subjectivité en route. BAC Nord peut être présenté comme le contrepoint, avec un propos qui épouse largement la vision des policiers de terrain et décrit largement leurs difficultés à remplir leur devoir. Mais un excès de manichéisme ne lui permettra pas de briller bien haut aux prochains Césars.

Si on se contente de voir dans BAC Nord un polar intense et parfois spectaculaire, renouant avec un schéma assez classique de bons et de gentils, alors vous avez toutes les chances de passer un bon moment devant ce film. Il est rythmé, présente quelques rebondissements et des scènes d’action plutôt bien menées. Mais le film cherche clairement à être plus que ça. Il se veut un portrait réaliste du travail de la police, une façon de leur rendre hommage et de dénoncer les injustices dont ils sont parfois victimes. Cependant, sur ce terrain là, le propos avance avec de trop gros sabots pour se montrer réellement convaincant. On manque d’empathie pour les personnages et l’absence d’émotion nuit gravement à la portée du propos.

Copyright Jérôme MACE/Chifoumi Productions

BAC Nord souffre d’une interprétation un peu moyenne. Gilles Lellouche met beaucoup d’énergie et de conviction dans son rôle, mais il semble vouloir compenser par tous les moyens les faiblesses de son personnage. Il ne fait au final que les souligner. Le reste de l’équipe ne fait guère mieux. On soulignera cependant la grâce singulière de la jeune Kenza Fortas, révélation du film Shéhérazade, et qui confirme là tout son potentiel. La réalisation de Cédric Jimenez se montre au final efficace, mais ne parvient pas à donner à son film l’épaisseur qu’il ambitionnait. On ne peut donc qu’en sortir en ayant quelque peu l’impression d’avoir assisté à un film raté.

LA NOTE : 09/20

Fiche technique :
Réalisation : Cédric Jimenez
Scénario : Cédric Jimenez et Audrey Diwan
Musique : Guillaume Roussel
Décors : Jean-Philippe Moreaux
Costumes : Stéphanie Watrigant
Photographie : Laurent Tangy
Son : Cédric Deloche
Montage : Simon Jacquet
Production : Hugo Sélignac et Vincent Mazel
Durée : 104 minutes

Casting :
Gilles Lellouche : Grégory Cerva
Karim Leklou : Yassine
François Civil : Antoine
Adèle Exarchopoulos : Nora
Kenza Fortas : Amel
Cyril Lecomte : Jérôme
Michaël Abiteboul : Jacques
Idir Azougli : Kévin
Jean-Yves Berteloot : Yvon
Kofs : homme du TMAX à Castellane

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