ALBATROS : Comme un oiseau sans aile

Xavier Beauvois s’attaque rarement à des sujets respirant la joie et l’allégresse. Il faut dire connaître son premier succès au cinéma avec un film intitulé N’Oublie Pas que Tu Vas Mourir vous pose un réalisateur. Il s’épanouit donc avant tout dans le drame et Albatros ne va pas déroger à la règle. Mais si le rire pour le rire peut se justifier par le bien qu’il nous fait, le drame pour le drame ne présente que peu d’intérêt. Si le sens nous échappe, si le propos sous-jacent est flou, l’émotion qui devrait naître naturellement nous paraît trop forcée pour nous toucher réellement. C’est ce qui arrive malheureusement avec ce film pas toujours convaincant.

La structure même d’Albatros semble marquée d’une certaine hésitation face à l’intérêt réel du propos. La situation et les personnages sont très longuement posés avant que le drame qui constitue le cœur du film ne survienne. Comme si Xavier Beauvois cherchait par ce temps long à faire naître un attachement plus profond que nécessaire au personnage pour être sûr de nous toucher par ce qui va lui arriver. Certes, dans un premier temps, on partage l’émotion et le choc que le personnage subit. Cette partie est très bien rendue et va pleinement accrocher l’intérêt du spectateur. Malheureusement, tout cela conduit à une fin quelque peu ridicule, qui prête plus à sourire qu’à être ému.

Copyright Guy Ferrandis

Dans Albatros, c’est vraiment le propos qui pêche. On pourra malgré tout apprécier la réalisation délicate de Xavier Beauvois, qui sait mettre en valeur ses personnages avec beaucoup d’humanité et de subtilité. Il offre à Jérémie Renier un rôle à sa mesure, même s’il reste dans un registre assez habituel pour lui. Cela n’enlève rien à son immense talent dont il fait ici une nouvelle fois la démonstration. A ses côtés, on notera aussi la très belle performance de Marie-Julie Maille qui tient là un premier grand rôle, qu’elle interprète avec une justesse prometteuse. Malheureusement, tout cela se dilue dans le manque de consistance du propos et l’absence de conclusion convaincante.

LA NOTE : 09/20

Fiche technique :
Réalisation : Xavier Beauvois
Scénario : Xavier Beauvois, Frédérique Moreau et Marie-Julie Maille
Décors : Yann Megard
Costumes : Bethsabée Dreyfus
Photographie : Julien Hirsch
Montage : Marie-Julie Maille, Julie Duclaux
Son : Jean-Pierre Duret
Production : Sylvie Pialat et Benoît Quainon
Durée : 115 minutes

Casting :
Jérémie Renier : Laurent
Marie-Julie Maille : Marie
Victor Belmondo : Quentin
Iris Bry : Carole
Geoffroy Sery : Julien
Olivier Pequery : Pierre
Madeleine Beauvois : Poulette
Marc Prin : le commandant Merle

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