Un personnage qui dit la vérité (ou presque) et que personne ne croit, dont toutes les manœuvres pour prouver qu’il ne ment pas l’enfonce toujours un peu plus, est un ressort narratif classique que l’on retrouve dans beaucoup de films. Un Héros repose sur une telle base. Mais le nouveau film d’Asghar Farhadi est loin de se limiter à cela. Rien d’étonnant venant d’un tel cinéaste qui confirme une nouvelle fois l’immensité de son talent. Un film récompensé par le Grand Prix à Cannes, un trophée amplement mérité.
Un Héros démontre une nouvel fois la capacité des cinéastes iraniens à jongler avec la censure pour proposer des histoires critiquant profondément la société iranienne, sans jamais remettre directement en question le pouvoir en place. Asghar Farhadi est passé maître en la matière. Une critique en creux donc, mais d’une terrible efficacité. Cette dernière vient d’une narration qui tient plus du polar que du film social. Des magnifiques personnages, particulièrement bien écrits. Certes les ficelles narratives sont parfois un peu grosses, ce qui peut nuire à l’empathie du spectateur qui se demande si le personnage principal ne le fait pas exprès. Mais le tout reste tout à fait convaincant et surtout terriblement passionnant.
Si Asghar Farhadi possède désormais une stature internationale, il confirme l’étonnante santé du cinéma iranien, qui nous offre de grands films plusieurs fois par an. Il faut dire qu’il bénéficie d’un réservoir de comédiennes et de comédiens de très haut niveau. Un Héros le prouve une nouvelle fois. La performance d’Amir Jadidi est notamment impressionnante. Tout cela est sublimé par la réalisation d’Asghar Farhadi, qui parvient à créer une tension narrative constante, faisant sentir au spectateur que chaque bonne nouvelle apparente cache potentiellement une future catastrophe. Là aussi, les codes du polar ne sont pas loin. Je ne sais pas combien de temps le régime actuel de Téhéran parviendra à survivre, mais je souhaite une très longue vie à son cinéma !
LA NOTE : 14/20
Fiche technique :
Réalisation et scénario : Asghar Farhadi
Montage : Abolfazl Ebrahimi et Hayedeh Safiyari
Production : Alexandre Mallet-Guy
Durée : 128 minutes
Casting :
Amir Jadidi : Rahim Soltani
Mohsen Tanabandeh : Braham Fereshteh
Sadre Orafaiy : madame Radmehr
Sarina Farhadi : Nazanin