THE CARD COUNTER : Blessures profondes

Le cinéma américain possède une capacité unique de transformer les blessures les plus fraîches en scénario. On peut trouver ça parfois un rien indécent, mais cela vaut sans doute mieux que laisser les choses s’enfouir dans le sable pour être oubliée, comme on le fait parfois chez nous. Surtout quand le résultat est de la qualité de The Card Counter. Un film dont le vrai sujet met du temps à se dévoiler, mais qui sera traité avec beaucoup de force. Paul Schrader signe là un film magnifique après plus de 40 ans d’une carrière qui n’en compte pas beaucoup. Comme quoi, le talent peut mettre bien du temps à avant de s’exprimer pleinement.

The Card Counter est doté d’un scénario qui laisse le spectateur longuement circonspect. En effet, on se doute bien que l’histoire va finir par aller quelque part, mais on ne sait vraiment pas vers où. Et la réponse qui arrive est quelque peu inattendue, n’ayant strictement rien à voir avec le poker, qui reste pourtant un des éléments centraux du film. Mais si les cartes représentent le présent des personnages, leur passé finira par ressurgir. Le film dresse des portraits à plusieurs niveau. Au niveau des personnages évidemment, en particulier le protagoniste principal. Mais aussi à travers celui d’une Amérique profonde et de quelque cicatrices qui lui restent d’un récent passé. Le tout est amené à travers une narration parfaitement maîtrisée, qui va donc crescendo avant un final d’une très grande intensité.

Copyright Condor Distribution

The Card Counter met merveilleusement bien en lumière l’immense talent d’Oscar Isaac qui tient là son plus grand rôle à ce jour. Dans un rôle ténébreux, il fait preuve d’un charisme et d’une présence remarquables. A ses côtés, Tiffany Haddish livre aussi une performance de tout premier ordre. Cela confère à cette histoire une profondeur humaniste, à côté de la noirceur absolue de certains autres aspects. La réalisation de Paul Schrader parvient à créer une ambiance particulière qui intrigue immédiatement et colle au final parfaitement à la teneur du propos. Ce film restera comme le dernier grand et beau moment de cinéma de 2021, concluant une année bien sombre par ailleurs.

LA NOTE : 14/20

Fiche technique :
Réalisateur : Paul Schrader
Scénario : Paul Schrader
Décors : Ashley Fenton
Direction artistique : Christine Brandt
Montage : Benjamin Rodriguez Jr.
Photographie : Alexander Dynan
Production : Lauren Mann, Braxton Pope et David Wulf
Production exécutive : Catherine Boily, Tiffany Boyle, Lee Broda, Philip Burgin, Martin McCabe, Joel Michaely, William Olsson, Elsa Ramo, Jason Rose, Martin Scorsese et Mick Southworth
Durée : 112 minutes

Casting :
Oscar Isaac : William Tell
Tiffany Haddish : La Linda
Tye Sheridan : Cirk
Willem Dafoe : le commandant John Gordo
Alexander Babara : Mister USA
Bobby C. King : Joe le Roublard
Joel Michaely : Ronnie

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