TROMPERIE : De la page à l’écran

Les mauvaises langues véhiculent le cliché que les films français racontent quasiment exclusivement des histoires de culs entre intellectuels bourgeois. Et comme tous les clichés, il y a un fond de vrai… Tromperie, le nouveau film d’Arnaud Desplechin répond parfaitement à la définition énoncée plus haut. Certes, il s’agit de l’adaptation d’un roman américain, mais si c’est au final un Français qui l’a porté à l’écran, ce n’est sans doute pas pour rien. Après, il n’est pas certain que ce film réconcilient les mauvaises langues avec le cinéma français.

Tromperie suscite dans une premier temps une certaine curiosité chez le spectateur. Il se compose de scènes très courtes qui s’enchaînent. Cela donne un vrai rythme à la narration et préserve le public de l’ennui. Puis peu à peu, on s’aperçoit que cette narration, aussi dynamique soit-elle, est au service de pas grand chose. Une réflexion sur le couple, certes, mais qui ne va pas très loin. Je ne sais pas ce que vaut le livre de Philip Roth, mais la transition du papier au grand écran ne met peut-être pas totalement en lumière la qualité du texte. Ce côté très écrit finit par donner un côté quelque peu artificiel à l’ensemble et ne permet pas à l’émotion de naître.

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La qualité de la réalisation d’Arnaud Desplechin, qui est incontestable, ne parvient donc pas à masquer les faiblesses de son projet. Il met tout son talent au service du duo formé par Léa Seydoux, d’une sensualité troublante, et Denis Podalydès, dont la capacité à faire naître la sympathie chez le spectateur est indéniable. Mais quand les masques tombent, l’affection pour les protagonistes disparaît peu à peu et il ne reste plus grand chose au spectateur pour se raccrocher et apprécier Tromperie. Il ressort donc du film un rien déçu, sa curiosité initiale n’ayant pas été vraiment satisfaite.

LA NOTE : 08,5/20

Fiche technique :
Réalisation : Arnaud Desplechin
Scénario : Arnaud Desplechin et Julie Peyr, d’après le roman Tromperie de Philip Roth
Photographie : Yorick Le Saux
Montage : Laurence Briaud
Décors : Toma Baqueni
Costumes : Olivia Lahougue
Musique : Grégoire Hetzel
Production : Pascal Caucheteux
Durée : 105 minutes

Casting :
Léa Seydoux : l’amante anglaise
Denis Podalydès : Philip
Emmanuelle Devos : Rosalie
Anouk Grinberg : l’épouse
Miglen Mirtchev : Ivan Passer
Rebecca Marder : l’étudiante
André Oumansky : le père de Philip
Madalina Constantin : la Tchèque

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