L’enfance, le temps de l’innocence ? Vraiment ? L’enfance c’est avant tout l’absence de filtres et de retenue. Dans la gentillesse souvent certes. Mais aussi parfois aussi dans la cruauté. La cour de récréation est loin d’être un éden où règne l’amour et la concorde. Gare à ce lui qui est pris en grippe par ses petits camarades. L’enfer l’attend. Si vous doutez encore, c’est que vous n’avez pas un souvenir clair de votre enfance. Mais c’est aussi que vous n’avez pas encore vu Un Monde, qui vous rappelle avec une force incroyable à quel point les enfants peuvent être des victimes ou des bourreaux de la pire espèce. Ou les deux à la fois…
Un Monde est porté par une tension narrative constante et particulièrement intense. Bien sûr, pas de sang, pas de meurtre, même pas de coups portés. Mais une violence et une cruauté qui serrent le cœur. La douleur morale n’a rien à envier avec la pire des douleurs physiques. On réalise à quel point l’expression « il n’y a pas mort d’homme » représente souvent la pire des excuses pour s’autoriser à fermer les yeux. Surtout que le film aborde tout autant la cruauté des enfants que la lâcheté, ou du moins la grande maladresse, des adultes qui se montrent souvent incapables de prendre la mesure de ce qui se passe dans la tête des bambins. Le film est court, mais assez long pour asséner un grand coup qui ne peut laisser indifférent.
Un Monde témoigne encore de la grande qualité du cinéma belge. Laura Wandel signe là un premier film d’une très grande qualité malgré un point de départ qui aurait pu laisser ses producteurs dubitatifs. Elle parvient surtout à sublimer le jeu des deux très jeunes protagonistes, Maya Vanderbeque et Günter Duret dont on a bien du mal à croire qu’ils ne sont pas vraiment frère et sœur dans la vraie vie. Ils livrent un prestation qui pourrait faire pâlir d’envie les plus confirmés des comédiens. Si ce film vous fait relativiser votre l’envie que vous ressentez parfois de revenir en enfance, il ne fait qu’amplifier l’envie de retrouver le chemin des salles obscures.
LA NOTE :14/20
Fiche technique :
Réalisation et scénario : Laura Wandel
Photographie : Frédéric Noirhomme
Montage : Nicolas Rumpl
Production : Stéphane Lhoest, Jan De Clercq
Durée : 72 minutes
Casting :
Maya Vanderbeque : Nora
Günter Duret : Abel
Karim Leklou : Finnigan
Laura Verlinden : Agnes
Thao Maerten : David
Lena Girard Voss : Clémence