NOS AMES D’ENFANTS : Imparfaite rencontre

J’ai souligné il y a quelques jours dans ma critique de « Un Monde » que l’enfance peut ressembler à une période où règne en maître la cruauté et l’absence d’empathie. Ce n’est évidemment pas le sens du titre de Nos Ames d’Enfants. Ici, il est bien question d’une vision beaucoup plus douce des premières années de notre existence. Il est surtout question de notre capacité, en tant qu’adulte, à renouer avec que nous étions à ces âges-là. On en forcément tous plus ou moins capable, certains ne semblant jamais en être vraiment sorti, au moins au point de vue émotionnel. Mais pas sûr que le film apporte une réponse très claire sur ce sujet.

Nos Ames d’Enfants est une histoire de rencontre. Celle d’un oncle avec son neveu, qui vont devoir vivre un petit moment ensemble. La réalisation traite les deux personnages en les mettant sur un parfait pied d’égalité, ne dévalorisant en rien les émotions de l’un ou de l’autre. C’est la grande force du film. Il considère vraiment l’enfant comme une personne pleine et entière, ce qui rend le propos beaucoup plus intéressant que s’il s’était contenté de nous livrer les états d’âme d’un adulte. Cependant, tout cela est relaté d’une manière relativement contemplative et l’ennui guette le spectateur à chaque coin de scène. Les dialogues prennent parfois des tournures de discours philosophiques un peu vains et qui ont un petit côté artificiel, qui nuit fortement à l’attachement que l’on peut ressentir pour les personnages. 

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L’avantage d’un film avec Joaquin Phoenix est qu’il y a justement Joaquin Phoenix à l’écran et que cela se suffit presque à lui même. Presque, mais pas tout à fait quand même. Les dialogues ne sont pas suffisamment convaincant pour permettre à sa performance de l’être totalement par ailleurs. Mais ce n’est certainement pas son talent qui est mis en cause. Pas non plus celui du jeune Woody Norman qui lui donne la réplique avec beaucoup d’assurance et qui apporte une réelle touche d’émotion à Nos Ames d’Enfants. Le choix du noir et blanc apporte une touche esthétique qui aurait pu être pleinement appréciable s’il l’on n’avait pas l’impression qu’elle sert à cacher une certaine vacuité du propos. Au final, si la rencontre entre les deux personnages a bien lieu, le film ne rencontre jamais tout à fait son public.

Fiche technique :
Réalisation et scénario : Mike Mills
Assistante réalisatrice : Rachel Jensen
Musique : Aaron Dessner et Bryce Dessner
Décors : Katie Byron
Costumes : Katina Danabassis
Photographie : Robbie Ryan
Montage : Jennifer Vecchiarello
Son : Phillip Blaidh
Production : Chelsea Barnard, Andrea Longacre-White et Lila Yacoub
Coproduction : Rachel Jensen et Geoff Linville
Durée : 108 minutes

Casting :
Joaquin Phoenix : Johnny
Gaby Hoffmann : Viv
Woody Norman : Jesse
Scoot McNairy : Paul
Molly Webster : Roxanne
Jaboukie Young-White : Fernando
Brandon Rush : l’infirmier des urgences
Khadija Emma Neumann : Khadija
Mary Passeri : une infirmière
Cooper Jack Rubin : un gamin de Détroit

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