ARTHUR RAMBO : Cui cui cuit

Les réseaux sociaux ont pris une importance et une influence qui dépassent quelque peu l’entendement. Il est facile d’imaginer que Donald Trump n’aurait jamais eu accès à la Présidence des Etats-Unis sans eux. Pourtant, le cinéma ne s’est pas tant que ça emparé du phénomène. Arthur Rambo tente de changer la donne en nous livrant une réflexion sur leur pouvoir sur le destin d’un individu, en donnant vie à l’adage qui veut que les paroles s’envolent mais que les écrits, même sous la forme d’un tweet, restent. Pour le meilleur et souvent pour le pire.

Arthur Rambo nourrit la réflexion qu’il se propose de mener avec beaucoup d’éléments. Jusqu’à la fin, celle-ci s’enrichira jusqu’à poser des questions d’une pertinence incontestable. Ce que pose Laurent Cantet sur la table est réellement intéressant et on se dit que cela peut conduire à un propos d’une grande force dans le contexte actuel. Mais voilà, le film se contente des livrer de multiples interrogations et de donner toutes les dimensions du problème, mais il s’arrête au moment même où on s’attend à recevoir des réponses. Certes, le spectateur est du coup amené à formuler les siennes, mais cet absence du point de vue de l’auteur sur le cœur de sa thématique principale est quelque peu frustrante. Et limite fortement la portée de ce film.

Copyright Céline Nieszawer

Arthur Rambo offre à Rabah Nait Oufella un premier grand rôle, après une multitude de seconds. On appréciera la grande justesse dont il fait part, même s’il ne nous éblouit jamais vraiment non plus. On apprécie par contre pleinement la manière dont Laurent Cantet parvient à faire intervenir les tweets au sein de l’intrigue et de la mise en scène. L’intrigue est plutôt rythmée et aiguise notre curiosité du début à la fin, même si cela aboutit à une vraie frustration comme évoquée plus haut. On ne doute pas que le sujet inspirera prochainement d’autres cinéastes et qu’on verra des réflexions tout aussi pertinentes aller au bout cette fois-ci. En attendant, on peut tout de même déjà apprécier ce film incomplet.

LA NOTE : 11/20

Fiche technique :
Réalisation : Laurent Cantet
Scénario : Fanny Burdino, Laurent Cantet et Samuel Doux
Musique : Chloé Thévenin
Décors : Pascale Consigny
Costumes : Marie Le Garrec
Photographie : Pierre Milon
Son : Julien Sicart (ingénieur) ; Valérie Deloof et Agnès Ravez (montage)
Montage : Mathilde Muyard
Production : Marie-Ange Luciani
Durée : 87 minutes

Casting :
Rabah Nait Oufella : Karim D.
Antoine Reinartz : Nicolas
Sofian Khammes : Rachid
Bilel Chegrani : Farid
Sarah Henochsberg : Léa
Hélène Alexandridis : Louise de Blossière, éditrice
Chouaïb Arif : Driss
Malika Zerrouki : la mère
Anne Alvaro : l’écrivaine
Anaël Snoek : Clio
Zineb Triki : Eva Louise
Grégoire Bonnet : Loïc
Jennifer Decker : Servane

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