RED ROCKET : Anges, démons et donuts

Résumer un film en quelques mots pour en parler à quelqu’un qui ne l’a pas vu n’est pas toujours un exercice facile. Certains scénarios peuvent même donner envie de fuir quand on les condense de trop. Après Presque, l’histoire du croque-mort et de l’handicapé que l’on doit présenter comme une comédie humaniste et enjouée, voici Red Rocket. En effet, ce film raconte l’histoire d’un acteur porno sur le retour qui cherche à débaucher une jeune fille de 18 ans à peine pour la convaincre de tourner avec lui pour faciliter son retour dans le milieu. Non, non restez, ce n’est pas ce que vous croyez…

… en fait si quand même un peu. D’ailleurs, Red Rocket divise la critique et le public. Nous sommes clairement face à un film qui rend sympathiques des personnages qui ne le sont en fait objectivement pas du tout. On passe outre ou pas, pour parvenir (ou pas donc) à voir avant tout dans ce film le portrait d’une Amérique profonde un peu paumée et qui s’accroche à ce qu’elle peut pour rêver à une vie meilleure. Les personnages sont d’une rare ambiguïté (même la jeune fille qui n’a vraiment rien d’une oie blanche !), mais c’est aussi ce qui les rend intéressants, et finalement profondément humains. L’absence de jugement moral de la part de Sean S.Baker laisse finalement son libre arbitre au spectateur et tout le monde est en droit de détester le principal protagoniste de cette histoire.

Copyright Drew Daniels – 2021 Red Rocket Productions, LLC

Dans tous les cas, tout le monde pourra reconnaître l’immense talent de cinéaste de Sean S. Baker. D’un point de vue formel, Red Rocket est un très beau film, comme l’était son précédent film, the California Project. Filmer avec autant d’esthétique une Amérique enlaidie par une forme de pauvreté et de violence dans les rapports humains peut effectivement déranger. Mais c’est aussi ce qui fait tout l’intérêt de sa filmographie. On saluera aussi l’ensemble du casting remarquable du rôle principal, interprété par Simon Rex, jusqu’aux seconds rôles les plus furtifs. On décernera néanmoins une mention spéciale pour la jeune Suzanna Son dont la présence à l’écran illumine l’écran à chacune de ses apparitions. Rarement innocence et débauche auront su s’incarner en même temps dans un même regard. Ce contraste résume finalement parfaitement ce film, qui recevra ici un avis positif sans contraste.

LA NOTE : 13/20

Fiche technique :
Réalisation : Sean S. Baker
Scénario : Sean S. Baker et Chris Bergoch
Décors : Stephonik Youth
Photographie : Drew Daniels
Durée : 130 minutes

Casting :
Simon Rex : Mikey Saber
Suzanna Son : Strawberry
Bree Elrod : Lexi
Ethan Darbone : Lonnie
Brenda Deiss : Lil
Judy Hill : Leondria
Marlon Lambert : Ernesto
Brittney Rodriguez : June
Shih-Ching Tsou : Ms Phan
Parker Bigham : Nash
Brandy Kirl : la mère de Nash
Dustin « Hitman » Hart : le père de Nash

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