BELFAST : La guerre avec des yeux d’enfant

En ces heures où la réalité de la guerre nous rattrape de manière inquiétante, on doit se rappeler que c’est finalement une réalité qui n’a jamais été si éloigné de nous que ça. Bien sûr, il y a eu le conflit qui a déchiré l’ancienne Yougoslavie. Mais encore plus proche, la guerre civile en Irlande a représenté un conflit long et sanglant, qui ne s’est finalement achevé qu’il y a quelques années, même s’il était de nature très différente de ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine. Kenneth Branagh nous entraîne sur les traces de son enfance marquée par par les troubles qui opposaient Protestants et Catholiques dans le Belfast des années 60. En intitulant sobrement son film Belfast.

Belfast est un film à la fois très personnel, puisqu’il est largement autobiographique (même si le terme consacré est « librement inspiré de »), mais cherche aussi à nous faire découvrir un pan d’histoire. Se mélange donc histoire et Histoire. Quand l’un est l’autre vont parfaitement de paire, cela peut donner des films merveilleux. Ici, il y a quelque chose d’un rien artificiel qui nuit à l’impact du propos. C’est avant la trajectoire des personnages auxquels on s’est attaché qui va nous marquer, quand certains éléments de contexte un peu plus large semblent avoir été quelque peu rentrés au chausse-pied. Cela ne retire pas tout intérêt à l’ensemble, mais cela nous empêche de crier au chef d’œuvre.

Copyright Rob Youngson / Focus Features

Belfast est le grand favori pour les Oscars paraît-il. Je reste un peu circonspect face à cette affirmation. La réalisation de Kenneth Branagh n’est pas sans élégance, mais là aussi l’emploi du noir et blanc a quelque chose d’un peu artificiel, comme une volonté un peu trop affichée de paraître pour un film d’auteur. Le casting, majoritairement composé de parfaits inconnus, se montre plutôt brillant. Judi Dench, la seule « star » du film, apporte un petit supplément d’émotion et d’humanité qui fait du bien. Au final, Kenneth Branagh aurait gagné à donner un aspect encore plus personnel et intime à son film. Choisir plus franchement l’histoire, sans chercher à donner trop de place à l’Histoire. Dans cet entre-deux, le film se laisser regarder avec plaisir, mais sans être ni bouleversant, ni inoubliable.

LA NOTE : 12/20

Fiche technique :
Réalisation et scénario : Kenneth Branagh
Musique : Van Morrison
Décors : Claire Nia Richards
Costumes : Charlotte Walter
Photographie : Haris Zambarloukos
Montage : Úna Ní Dhonghaíle
Durée : 97 minutes

Casting :
Jude Hill : Buddy
Jamie Dornan : Pa
Caitriona Balfe : Ma
Ciarán Hinds : Pop
Judi Dench : grand-mère
Lara McDonnell : Moira
Aoife Hinds : guide
Gerard Horan : oncle Jack

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