VORTEX : Dans la tempête

La vieillesse est un naufrage dit-on souvent. Cette assertion n’est guère rassurante quand on sait que c’est un état qui nous attend tous. On n’est encore moins rassuré après avoir vu Vortex, qui nous place de manière forte et brutale face au déclin qui vient avec l’âge. Quand on connaît l’œuvre de Gaspard Noé, on imagine facilement qu’il traite le sujet sans ménager le spectateur. Mais on pouvait craindre aussi qu’il sombre une nouvelle fois dans la forme d’excès dans laquelle il noie souvent son génie. Pour ce film, il semble cette fois-ci mesurer la valeur de la retenue.

Comme souvent chez Gaspard Noé, le spectateur se retrouve plonger sans aucun fard dans la réalité crue de ce que vivent les personnages. Ces derniers sont au nombre de trois (les deux parents âgés et leur fils) et l’écran est toujours coupé en deux pour nous permettre de suivre simultanément les allers et venues de deux d’entre eux. Le procédé peut surprendre au début mais on s’y fait vite, surtout que le réalisateur n’en abuse pas et ne cherche pas à en faire un élément gratuit et inutilement spectaculaire. Il sert au contraire le propos de Vortex et lui donne une vraie force. On sent néanmoins Gaspard Noé tiraillé par ses démons et flirter parfois avec l’excès sur la fin. Il parvient tout de même à se contrôler et ne vient jamais nuire à l’émotion sincère qu’il a su faire naître.

Copyright Wild Bunch Distribution

Vortex se nourrit largement de ses trois interprètes principaux. Alex Lutz tient là un rôle magnifique et qui confirme toute l’étendue de son talent. Si le rôle peut paraître dans un premier temps secondaire, il se révèle au final comme étant celui qui insuffle le supplément d’âme faisant toute la différence. Mais les deux piliers restent tout de même Françoise Lebrun et Dario Argento, qui se retrouvent dans la position difficile d’incarner à l’écran un déclin qui les guette forcément dans la vraie vie. Cela ne doit pas être une expérience anodine mais c’est aussi le miracle de l’art dramatique de permettre une telle projection. On ressort du film quelque peu secoué et ému. Et avec une envie renforcée de profiter pleinement de sa jeunesse.

LA NOTE : 13,5/20

Fiche technique :
Réalisation et scénario : Gaspar Noé
Photographie : Benoît Debie
Montage : Denis Bedlow
Décors : Jean Rabasse Durée : 135 minutes

Casting :
Dario Argento : le père
Françoise Lebrun : la mère
Alex Lutz : le fils
Kylian Dheret : le petit-fils
Philippe Rouyer : lui-même
Jean-Pierre Bouyxou : lui-même
Laurent Aknin : lui-même
Stéphane Derdérian : lui-même
Jean-Baptiste Thoret : lui-même

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