Je dénonce ici souvent la funeste habitude des éditeurs français à découper des œuvres anglo-saxonnes en plusieurs tomes totalement artificiels. Le grand classique de Dan Simmons, la Chute d’Hypérion, n’échappe pas à cette pratique un rien barbare, puisqu’il se retrouve coupé en deux, sans aucune justification, dans son édition française, alors qu’il forme un tout de manière évidente. Bref, cela ne nous empêche pas de l’apprécier à sa juste valeur en lisant les deux morceaux d’une traite et en apprécier toute la qualité et la cohérence.
Le début du voyage entamé avec Hypérion se montrait prometteur. Sa poursuite avec la Chute d’Hypérion prend encore une dimension supérieure. Après avoir passé un premier volet à nous faire découvrir l’histoire, certes très riche, de chacun de ses personnages, il lance cette fois l’intrigue qui avance alors d’un bon rythme. On passe donc de la description à l’action, et cela ne fait évidemment que relancer l’intérêt que l’on témoignait déjà cet univers. Dan Simmons parvient avec beaucoup de talent de faire découvrir constamment de nouveaux enjeux de son récit. On en comprendra toute la portée que dans les dernières pages et on saisira alors pourquoi il constitue un élément majeur de la science-fiction littéraire.
Le style de Dan Simmons n’est pas le plus limpide de l’histoire de la littérature. La Chute d’Hypérion est parfois difficile à suivre. Mais d’un autre côté, on ressent un grand plaisir à se perdre dans les méandres de ce récit. En ne posant pas toujours tous les enjeux clairement dès le départ, il prend le risque d’égarer son lecteur, mais maintient aussi sa curiosité à son maximum. Au final, le plaisir domine largement et on se sent nettement plus fasciné que réellement désorienté. L’aspect relativement protéiforme de cette histoire permet à chacun d’y trouver quelque chose qui lui parlera vraiment. De la grande science-fiction !