RODÉO : Double révélation

Rodéo affiche

Les films n’échappent désormais plus aux campagnes de dénigrement orchestrés sur internet à l’encontre d’une œuvre pour des raisons parfois obscures. Rodéo en a été clairement victime avec beaucoup de commentaires négatifs, des appels à boycotter le film, le tout en mettant en avant des arguments sans rapport avec son contenu réel. Je ne sais pas quelle en est la raison et ça serait faire trop d’honneur à ses détracteurs que de la chercher. C’est en tout cas très injuste pour ce très beau premier film, qui ne fait l’apologie de rien, mais nous livre un regard profondément humain, mais certainement pas angélique, sur une jeunesse désœuvrée et la violence qu’elle engendre et subit. Un film qui est l’occasion d’une double révélation.

Victime, mais pas trop

Le plus grand mérite de Rodéo est bien d’échapper à toute forme de misérabilisme. Il traite ses personnages avec compassion, mais sans rien cacher de leurs travers. Cela donne un vrai équilibre au propos et permet d’échapper aux clichés et autres poncifs attendus. Le spectateur est certes touché par le parcours de la jeune fille au centre de l’histoire, sans pour autant jamais la trouver profondément sympathique. Le film décrit merveilleusement bien ses blessures qui l’empêchent de nouer des réels liens avec les autres, les spectateurs compris. Cela n’enlève rien à l’émotion dégagée. Au contraire, ce soucis de réalisme nous touche aussi parce qu’il dit sur notre société et la manière dont il repousse certains à sa frange. Mais encore une fois, les personnages de ce film ne sont jamais enfermés dans un statut de victime. Cela ne leur en donne que plus de force et d’impact.

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Une réalisatrice et une actrices sont nées

Rodéo permet de découvrir à la fois une réalisatrice brillante, Lola Quivoron, et une actrice, Julie Ledru, qui ne l’est pas moins. Le style rappelle quelque peu celui de Houda Benyamina, la réalisatrice de Divines. Cette même capacité à nous présenter de jeunes femmes écorchées vives dans toute leur complexité. C’est évidemment d’autant plus facile quand elle prenne vie avec autant de sincérité et de conviction. Impossible alors de fermer les yeux sur ce que le film nous montre. C’est sans doute pour ça que beaucoup appelaient à refuser le voir. Un film salutaire, beau et émouvant donc.

LA NOTE : 13/20

Fiche technique :
Réalisateur : Lola Quivoron
Scénario : Lola Quivoron, Antonia Buresi
Musique : Kelman Duran
Photographie : Raphaël Vandenbussche
Montage : Rafael Torres Calderón
Décors : Gabrielle Desjean
Costumes : Rachel Raoult
Producteur : Charles Gillibert, Romain Blondeau
Durée : 110 minutes

Casting :
Julie Ledru : Julia
Yanis Lafki : Kais
Antonia Buresi : Ophélie
Cody Schroeder : Kylian
Louis Sotton : Ben
Junior Correia : Manel
Ahmed Hamdi : Mous
Dave Nsaman Okebwan : Abra

Fiche Allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=298736.html

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