L’adage veut que les livres sont souvent meilleurs, ou du moins plus intéressants, que leur adaptation cinématographique. Comme toutes vérités, cette affirmation souffre de nombreuses exceptions. Certains chefs d’œuvre du 7ème art sont issus de roman qui ne peuvent se targuer d’être des chefs d’œuvre de la littérature. Cela peut arriver même pour des classiques, comme Illusions Perdues, mais plus souvent pour de littérature de gare. James Bond notamment est né au sein de romans très médiocres. Le Faucon Maltais est un film majeur, qui a fait la légende d’Humphrey Bogard. Le Faucon de Malte, le roman de Dashiell Hammett est nettement moins marquant.

Archétype daté

Le Faucon de Malte a pourtant crée un archétype de la littérature. La figure de Sam Spade est devenu le symbole du détective privé, viril et cynique… mais avec un bon fond quand même quand on y regarde à deux fois. Mais pour être honnête, c’est avant tout grâce à sa représentation sur grand écran que la légende est née. Dans le roman, sa psychologie apparaît parfois peu crédible, notamment face à la mort de son partenaire, point de départ de l’intrigue. Sans doute parce qu’un siècle plus tard, on a changé de regard sur les personnages masculins. Mais aussi parce que le roman n’a rien d’un chef d’œuvre de la littérature.

N’amuse pas la galerie

Son style est typique des romans noirs de l’époque. Sans fioriture, basé largement sur les dialogues, il est aussi sec que la personnalité de son personnage principal. Mais Dashiell Hammett a parfois du mal à nous entraîner avec lui. La galerie de personnages ne convainc pas toujours. Sans attachement, ni fascination, ni même réellement de curiosité pour les protagonistes, on suit les péripéties qu’ils traversent avec une certaine indifférence. Le Faucon de Malte a sûrement joué le rôle d’œuvre fondatrice. On peut donc la saluer pour l’inspiration qu’elle aura engendré. Et parce qu’elle nous fait finalement croire au progrès.