

Depuis les retraits de Virenque et Jalabert, aucun cycliste tricolore n’avait vraiment pu s’imposer médiatiquement. Seul Thomas Voeckler avait su gagner le cœur du grand public, mais au fond plus par un incroyable courage qui lui permettait de surmonter des limites manifestes que par une classe d’immense champion. Thibault Pinot et Romain Bardet semblent être d’une autre trempe. S’il est trop tôt pour savoir si c’est celle d’un Laurent Fignon ou d’un Bernard Hinault (dernier vainqueur français du Tour faut-il le rappeler… il y a 30 ans désormais ce qui semble passablement incroyable), ils ont au moins fait naître des espoirs qu’un Pierre Rolland par exemple a un peu de mal à confirmer, même si j’espère bien qu’il me donnera tort un de ces jours.
Mais la plus belle histoire française de ce Tour reste celle de Jean-Christophe Perraud qui apporte un couronnement aussi magnifique qu’inattendu à une carrière bien singulière. Vice-champion olympique dans l’indifférence générale, dans l’ombre écrasante de l’or de Julien Absalon, et titulaire d’un diplôme ingénieur, il mérite bien cette gloire tardive mais ô combien mérité. Il nous rappelle que la grandeur d’un champion repose autant sur une tête bien faite qu’un corps performant !
Alors bien sûr les esprits chagrins souligneront qu’avec Contador, Froome et Quintana à l’arrivée, toute cette belle histoire n’aurait jamais eu lieu et qu’elle s’apparente plus à une fable sans doute éphémère. Vincenzo Nibali a certes montré tout ce qui sépare l’espoir en devenir du grand champion au sommet. Mais il n’y a aucune raison de s’interdire d’imaginer que Bardet et Pinot franchiront bientôt ce fossé à leur tour. Ce sera alors définitivement leur Tour.