PETER VON KANT : Au théâtre ce soir

Peter von Kant

Adapter une pièce de théâtre au cinéma est un exercice à la fois facile et difficile. Facile parce que l’unité de lieu que cela implique souvent diminue les moyens nécessaires à la réalisation du long métrage. Mais cette même unité de lieu se montre également particulièrement visible. Difficile alors d’éviter cette impression de théâtre filmé qui donne toujours la sensation que ces films ne sont pas tout à fait du cinéma. On pouvait espérer qu’un réalisateur comme François Ozon y parvienne avec Peter Von Kant, l’adaptation d’une pièce de Fassbinder. Mais contrairement à Florian Zeller avec The Father, il échoue à donner à son long métrage une réelle dimension cinématographique.

Intensité et densité

Ceci dit, Peter Von Kant n’en est pas pour autant forcément un mauvais film. Certes, il s’agit de théâtre filmé, mais du très bon théâtre filmé. Oubliant de donner une réelle ampleur à ses décors, François Ozon se concentre sur autre chose. A valoriser un texte et un personnage puissants. Il s’agit d’un film portrait, d’un film sur l’amour, sur la souffrance, l’angoisse de la solitude, la peur de vieillir… Un propos riche, qui dégage beaucoup de force, à défaut d’être toujours hyper subtil. Tous les éléments sont assez classiques, mais leur intensité et leur densité donnent une réelle profondeur à ce film. Sa durée inférieure à 90 minutes montre bien que le réalisateur a vraiment veillé à ne jamais dilué son propos pour maintenir constante une réelle tension narrative.

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