PETER VON KANT : Au théâtre ce soir

Peter von Kant

Adapter une pièce de théâtre au cinéma est un exercice à la fois facile et difficile. Facile parce que l’unité de lieu que cela implique souvent diminue les moyens nécessaires à la réalisation du long métrage. Mais cette même unité de lieu se montre également particulièrement visible. Difficile alors d’éviter cette impression de théâtre filmé qui donne toujours la sensation que ces films ne sont pas tout à fait du cinéma. On pouvait espérer qu’un réalisateur comme François Ozon y parvienne avec Peter Von Kant, l’adaptation d’une pièce de Fassbinder. Mais contrairement à Florian Zeller avec The Father, il échoue à donner à son long métrage une réelle dimension cinématographique.

Intensité et densité

Ceci dit, Peter Von Kant n’en est pas pour autant forcément un mauvais film. Certes, il s’agit de théâtre filmé, mais du très bon théâtre filmé. Oubliant de donner une réelle ampleur à ses décors, François Ozon se concentre sur autre chose. A valoriser un texte et un personnage puissants. Il s’agit d’un film portrait, d’un film sur l’amour, sur la souffrance, l’angoisse de la solitude, la peur de vieillir… Un propos riche, qui dégage beaucoup de force, à défaut d’être toujours hyper subtil. Tous les éléments sont assez classiques, mais leur intensité et leur densité donnent une réelle profondeur à ce film. Sa durée inférieure à 90 minutes montre bien que le réalisateur a vraiment veillé à ne jamais dilué son propos pour maintenir constante une réelle tension narrative.

Peter Von Kant
Copyright Carole Bethuel

Peter von Ménochet

Peter Von Kant constitue également l’occasion d’admirer tout le talent de Denis Ménochet. Il est présent sur quasiment tous les plans et sa présence envahit l’écran, ne laissant pas beaucoup de place au reste du casting. Isabelle Adjani tente bien de lui tenir tête, mais elle est largement éclipsée, même si on remarque de manière assez nette les ratés de sa chirurgie esthétique. Il y a une réelle synergie entre son interprète et François Ozon. Cependant, cela reste plus théâtral que cinématographique. La même performance sur les planches nous aurait émerveillé. Sur grand écran, elle force bien plus notre admiration que notre enthousiasme. Ce n’est pas rien, mais c’est un peu en deçà de ce qu’on attend d’un tel cinéaste.

LA NOTE : 11,5/20

Fiche technique :
Réalisation : François Ozon
Scénario : François Ozon, d’après la pièce de théâtre Les Larmes amères de Petra von Kant de Rainer Werner Fassbinder
Musique : Clément Ducol
Décors : Katia Wyszkop
Costumes : Pascaline Chavanne
Photographie : Manuel Dacosse
Montage : Laure Gardette
Production : François Ozon
Durée : 85 minutes

Casting :
Denis Ménochet : Peter von Kant
Isabelle Adjani : Sidonie von Grassenabb
Khalil Ben Gharbia : Amir Ben Salem
Hanna Schygulla : Rosemarie
Stefan Crepon : Karl
Aminthe Audiard : Gaby

Fiche Allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=291310.html

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