LES NUITS DE MASHHAD : Double jeu

Les Nuits de Mashhad affiche

Je pourrais évidemment écrire des pages et des pages pour faire l’éloge du 7ème art, vanter tous ses mérites et ses vertus. Je pourrais notamment consacrer un long passage sur la manière dont il offre malgré tout des espaces de respiration aux pays les plus cadenassés. Le cinéma iranien en est une illustration parfaite. La Loi de Téhéran ou un Héros nous ont émerveillés en 2021. 2022 nous offre les Nuits de Mashhad, un polar qui constitue en fait, quand on y regarde de plus près, une critique de la société et du pouvoir iraniens. Un double niveau classique pour le cinéma de ce pays, mais qui traduit surtout son incroyable richesse.

Maîtrisé à tous niveaux

La force des Nuits de Mashhad est d’être de très grande qualité sur ces deux plans. Le premier réside dans le face à face entre le tueur en série (dont l’identité n’est en rien cachée) et la journaliste prête à prendre beaucoup de risques pour le voir arrêté, malgré la passivité des autorités. Cet aspect est parfaitement maîtrisé jusqu’au climax digne des meilleurs thrillers. Le second est la critique sous-jacente d’une misogynie mortelle structurant la société iranienne. Comme souvent dans le cinéma de ce pays, elle prend la forme d’une critique morale des mœurs des citoyens, mais c’est bien le pouvoir qui est visé par cette œuvre. De manière très indirecte, mais assez évidente pour nos yeux d’Occidentaux.

Les Nuits de Mashhad
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Duel au sommet

Le casting des Nuit de Mashhad propose un face à face inoubliable entre deux interprètes habités par leur rôle. L’actrice franco-iranienne Zahra Amir Ebrahimi est absolument éblouissante et on se dit qu’elle mériterait mieux que les petits rôles que lui a offert le cinéma hexagonal jusqu’à présent. Elle fait face à un Mehdi Bajestani qui parvient à donner vie à un personnage parvenant à être tout à la fois d’une parfaite banalité et d’une monstruosité terrifiante. Ce contraste se trouve à la base du film et le résultat se montre particulièrement convaincant. Un long métrage sur une forme d’horreur ordinaire tout aussi glaçante quel que soit le niveau de lecture auquel on se place.

LA NOTE : 13/20

Fiche technique :
Réalisation : Ali Abbasi
Scénario : Ali Abbasi et Afshin Kamran Bahrami
Musique : Martin Dirkov
Direction artistique : Anas Balawi
Décors : Lina Nordqvist
Costumes : Hanadi Khurma
Photographie : Nadim Carlsen
Montage : Olivia Neergaard-Holm
Production : Sol Bondy et Jacob Jared
Production déléguée : Ditte Milsted
Coproduction : Fred Burle et Eva Åkergren
Durée : 115 minutes

Casting :
Zahra Amir Ebrahimi : Rahimi
Mehdi Bajestani : Saeed
Arash Ashtiani : Sharifi
Forouzan Jamshidnejad : Fatima
Alice Rahimi : Somayeh
Mesbah Taleb : Ali
Sara Fazilat : Zinab
Sina Parvaneh : Rostami
Nima Akbarpour : le juge
Sima Seyed : Gohra

Fiche Allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=283956.html

 

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