THE VISITOR : Poésie humaine

thevisitorafficheLa frontière entre le film plein de bons sentiments lourdingue et écœurant et le vrai moment d’émotion est particulièrement fine. Il est souvent difficile de réellement expliquer ce qui fait basculer une oeuvre d’un côté ou l’autre. Mais quand la magie fonctionne, quand un supplément d’âme vient nous bouleverser, on peut assister à un grand film, même avec peu de moyens, simplement avec une magnifique histoire et des personnages merveilleusement interprétés. Nous sommes dans ce cas là avec The Visitor, le plus beau moment de poésie humaniste cinématographique depuis La Visite de la Fanfare.

Walter Vale est un professeur d’université qui, pour faire simple, se fait chier dans la vie. En fin de carrière, cela fait 20 ans qu’il donne le même cours. Veuf, il essaye tant bien que mal d’apprendre le piano. Un jour, il est envoyé contre son gré à New York pour assister à une conférence. Il y possède un pied à terre où il ne vient que rarement. A son arrivé, il a la surprise de découvrir que l’appartement est squatté par un jeune couple qui pense en être locataire en bonne et due forme. Ne voulant pas les jeter à la rue, il accepte de les héberger le temps de trouver une solution. Les membres de ce trio appartiennent à des mondes très différents, mais se retrouvent dans leur amour de la musique. Cependant, à la suite d’un incident anodin, le jeune homme est arrêté et enfermé dans un centre de détention pour clandestins. Walter Vale se décide alors à l’aider mais va se heurter à une administration déshumanisée.

Si The Visitor est un film magnifique, c’est notamment parce qu’il possède une véritable intrigue. On n’est pas dans une comédie romantique, on ne sait pas à l’avance comment l’histoire va se terminer. Cela crée une vraie tension dramatique qui maintient l’intérêt du spectateur à son maximum du début jusqu’à la fin. Bien sûr, on n’apprécie pas ce film avant tout pour son suspense, mais le fait de posséder un réel support scénaristique en fait que renforcer l’impact du message.

thevisitorComme je l’ai évoqué, il est difficile d’expliquer pourquoi l’histoire de cette rencontre fonctionne si bien, pourquoi on y croit, pourquoi elle nous émeut tellement. La performance du duo Richard Jenkins – Haaz Sleiman y est sûrement pour beaucoup, mais le tout découle d’une subtile alchimie entre tous les éléments qui composent le film. Tout est fait avec justesse, n’essayant jamais de s’appuyer sur des clichés ou de l’émotion facile et larmoyante. Thomas McCarthy n’a pas fait le choix de la facilité, mais, au final, il a fait celui de la réussite.

Ensuite, reste le message politique. Là encore, tout est fait avec mesure. Le message découle naturellement de l’histoire et ce n’est pas l’histoire qui a été construite un peu artificiellement pour faire passer le message. Il n’en a que plus de force et entraîne le spectateur dans le même sentiment de révolte que les personnages. Ceci est bien sûr d’autant plus émouvant quand on sait à quel point ce sujet est malheureusement également d’actualité en France.

The Visitor est pour moi le film américain indépendant de l’année et méritera une place de choix dans tous les palmarès de 2008.

Fiche technique :
Production : Groundswell prod, Next Wednesday, Particpant prod.
Distribution : TFM
Réalisation : Tom McCarthy (Thomas McCarthy)
Scénario : Tom McCarthy
Montage : Tom McArdle
Photo : Oliver Bokelberg
Format : 1.85, Dolby digital
Décors : John Paino
Musique : Jan A.P. Kaczmarek
Effets spéciaux : Janimation
Durée : 104 mn

Casting :
Richard Jenkins : Professeur Walter Vale
Haaz Sleiman : Tarek Khalil
Danai Gurira : Zainab
Hiam Abbass : Mouna Khalil
Marian Seldes : Barbara
Michael Cumpsty : Charles

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